Festival. Origines contrôlées fête ses 20 ans : "Ça va être riche et très intense"

Le festival Origines Contrôlées fête cette année ses 20 ans à Toulouse. Deux décennies à nourrir le débat sur les questions de mémoire coloniale, sociales et culturelles . Entretien avec l'un des fondateurs du festival, la chanteur Mouss, membre du Tactikollectif.

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20 ans déjà que le Tactikollectif a lancé le festival "Origines Controlées". Deux mois de concerts, de rencontres, et de débats autour de l'histoire et la mémoire des quartiers. Entretien avec l'un de ses créateurs, le chanteur Mouss.

Les mêmes questions qu'il y a 20 ans

Chaque année, le quartier des Izards, celui qui a vu naître le groupe Zebda, Magyd Cherfi, Mouss & Hakim, et le Tactikollectif, est le théâtre d’événements culturels portés par le festival Origines contrôlées. "Ça va être riche et très intense pour les 20 ans cette année", confie Mouss, ancien de Zebda et membre du Tactikollectif.

"Les questions que nous avons commencé à aborder il y a 20 ans, sur l'héritage culturel, l'histoire, sont toujours pertinentes aujourd'hui", rajoute Mouss. "La question aujourd'hui, c'est comment on va au-delà  de ce métissage ? On considère qu'on doit s'inventer avec notre histoire génération après génération. La créolisation en est le meilleur exemple. La langue créole a été inventée pour créer un pont entre tous"

La politique des quartiers

Si le festival se déroule aux Izards, ce n'est pas un hasard : "En général quand on habite ces quartiers, c'est qu'on ne peut pas faire autrement", reconnaît Mouss. "Le ghetto, il a aussi quelque chose de protecteur quand on se sent exclu de la société. Le problème c'est le ghetto mental et là c'est une catastrophe".

"La politique d'abandon des quartiers a engendré beaucoup de dégâts. Mais on est là pour montrer qu'on peut faire un monde meilleur malgré l'adversité et la déconstruction des services publics dans ces quartiers. Il manque encore du lien de l'écoute, de la solidarité publique et de la démocratie : il faut donner aux gens les moyens d'agir par eux-mêmes".

L'immigration aujourd'hui

Et quand on évoque la future loi immigration envisagée par le gouvernement Mouss est direct : "Je n'en attends rien du tout. Qui fixe aujourd'hui la ligne du gouvernement ? C'est l'extrême droite qui agite ses épouvantails pour atteindre son objectif, prendre le pouvoir. On est là-dessus depuis des années et on traite la question dans le sens inverse de ce qu'on devrait faire".

"On devrait parler d'accueil, de dignité humaine", rajoute Mouss. "D'autres pays font plus que la France alors que nous sommes le pays des droits de l'homme. Cette posture, qui consiste à tout fermer continue de créer des conditions inhumaines : c'est le plus fort ou le plus malin qui passera".

La marche contre le racisme

Ces enfants de la 1ère génération d'immigrés revendiquent aussi d'être dans la continuité de leurs aînés, qui ont organisé la marche pour l'égalité et contre le racisme il y a tout juste 40 ans cette année. Le festival reviendra sur cet événement en accueillant l'un des organisateurs de la marche.

"Moi j'avais 16 ans à l'époque", nous confie Mouss. "Cette marche a permis à notre génération d'avoir le sentiment d'appartenance et de développer notre citoyenneté. Des fils et des filles, issus de cette histoire ont pu prendre la parole, construire leur place dans la société. Ils se sont sentis légitimes. Et aujourd'hui on le voit. Il y a plus d'élus issus de l'immigration".

"Aujourd'hui c'est différent", poursuit Mouss. "La ségrégation et le racisme ont pris une forme mondiale, liée à la religion musulmane et au terrorisme. C'est vrai qu'il y a plus de femmes voilées en 2023 mais il ne faut pas simplifier. Il faut accepter la complexité des choses pour pouvoir y faire face".

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