Florian Grill vs Didier Codorniou : listes, programmes, affaires, tout savoir du match pour l'élection à la présidence de la Fédération Française de Rugby

Le 19 octobre prochain, le rugby français en pleine tourmente après plusieurs affaires va élire son président à la Fédération française. Florian Grill qui occupe le fauteuil après l'éviction de Bernard Laporte sera opposé à Didier Codorniou. Les affaires, le programme, la composition des listes, les 2 candidats se sont exprimés ce week-end sur les antennes de France 3 Occitanie.

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Les élections à la présidence de la Fédération française de Rugby verront donc 2 candidats s'opposer le 19 octobre. Le "Parisien" et actuel président Florian Grill face au "Petit Prince" d'Occitanie Didier Codorniou. Les 2 hommes sont en campagne dans la région. 

Les listes et les candidats

L'ancien stadiste Didier Codorniou avait lancé sa campagne à Toulouse en juillet dernier. Ce week-end, il était à Castres où le club lui a apporté un soutien "inconditionnel, net et affiché... car son programme est novateur, sérieux et réalisable", dans la bouche d'Yves Salvaire, président de l'association du Castres Olympique. En plus de son passé de joueur reconnu et respecté, il est aussi un homme politique, maire PRG de Gruissan (Aude) depuis 4 mandats et vice-président de la région Occitanie.

D'ailleurs sur sa liste "100% Rugby 2024" composée de 19 hommes et 19 femmes, 12 candidats sont de la région (dont des figures comme Philippe Dintrans, Guilhem Guirado ou Jean-Louis Zevaco). On en trouve 7 sur la liste "Ovale ensemble" de Florian Grill.

Le comité de soutien de celui qui a porté les couleurs et le brassard du RCT (Narbonne) a de l'allure : l'ancien manager du XV de France Jo Maso et "casque d'or" alias Jean-Pierre Rives le président. Même s'il ne figure pas sur sa liste, l'ancien sélectionneur Jean-Claude Skrela a aussi rejoint le candidat occitan.

Côté Paris, l'ancien 2e ligne du Paris Universitaire Club fait aussi une place à des noms prestigieux comme les anciens internationaux Jean-Marc Lhermet ou Abdelatif Benazzi. Mais il est vrai que Florian Grill a perdu quelques soutiens.

Le programme

Les 2 programmes ne sont pas antagonistes, alors comment se démarquer ? Didier Codorniou : "La différence ? C’est ma culture, ma connaissance, mon parcours. Le rugby a toujours fait partie de ma culture. Le fait aussi d’avoir fait partie d’une collectivité comme maire me permet de voir ces nouvelles pistes qui ne sont pas exploitées".

Il faut oser casser un peu les codes et décloisonner. Il faut décentraliser la fédération et planifier. La fédé est un bel outil mais il est mal utilisé.

Didier Codorniou

 

Des piques pas spécialement destinées à son adversaire qui lui aussi met en avant son parcours. "Je sillonne le rugby amateur depuis toujours. Il y a 50 ans que je suis bénévole ou joueur dans le rugby. Il y a des clubs qui font du rugby adapté pour les joueurs en situation de handicap, du rugby santé pour les femmes en rémission d’un cancer du sein, des milliers de bénévoles qui font vivre des clubs de rugby. J’ai envie de les défendre et de dire ma colère. La réalité du rugby c’est ça."

Le bénévolat c'est l'un des thèmes forts de Didier Codorniou : "Il faut sécuriser les bénévoles. Le matin, ils se lèvent de bonne heure, ils font vivre le club au quotidien. Il faut arriver à leur avoir un vrai statut officiel. C’est un défi et un engagement que je prends pour avoir des acquis et des points retraites à calculer avec les différents ministres."

Autre point : des infrastructures vieillissantes : "On a lancé un véritable plan Marshall avec 20 M€ investis pour améliorer les installations et d’abord les vestiaires féminins, déclare Florian Grill. On a une croissance exponentielle de la pratique féminine : 20% de croissance. On a besoin d’investir là-dedans. On a besoin aussi d’avoir plus de titres de champions de France, donner plus de moyens au local. Il faut relancer le rugby par la base, ça passe aussi par le scolaire."

Même référence américaine de l'après-guerre pour l'ancien trois-quarts centre de l'équipe de France qui a lancé une enquête auprès des 1950 clubs : "Je veux un plan Marshall sur les infrastructures. Elles sont très abîmées. L’objectif c’est que la fédération soit un moteur pour lever des fonds. On a envisagé d’investir 12 M€ et d’aller chercher 100 M€ en plus des investissements déjà faits par les régions, départements et communes. Je suis vice-président de la région Occitanie et on a levé à 2 reprises des fonds importants au niveau du plan littoral 21 : une fois 300 millions et une fois 1 milliard. J’ai confiance pour qu’au niveau du ministère et des collectivités, on puisse être écouté avec une oreille bienveillante."

Sur le sujet des addictions, l'actuel président de la FFR lève le tabou : "Dès le mois de février, j’avais lancé une commission addiction à la fédération. Car il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt : il y a des problèmes de drogue, de cocaïne, d’alcool, de violences sexuelles ou physiques. Ce n’est pas le fait que du rugby. C’est le fait de la société et le rugby n’est pas hermétique à la société. Nous ne sommes pas protégés et on doit traiter les sujets de fond". 

Malgré les événements de cet été, je pense que s’il y avait plus de rugby dans la société, elle se porterait mieux. Donc le rugby est un enjeu pour la société.

Florian Grill

Les événements de cet été, justement. Après une présidence pour le moins controversée de Bernard Laporte, le rugby français a traversé plusieurs épisodes tragiques dont il se serait bien passé.

Les affaires

Cet été, le rugby français s'est retrouvé au cœur de l'actualité et souvent à la rubrique faits divers.

Le 7 août dernier, il y a eu la mort de ce jeune joueur originaire d'Agen. Medhi Narjissi, 17 ans, a disparu au large de l'Afrique du Sud, en marge d'un rassemblement de l'équipe de France de rugby des moins de 18 ans. Invité au journal de France 3 Occitanie samedi soir, Florian Grill a tenu à réagir. "Il y a d'abord l'émotion comme père de famille et président de la fédération. Oui il y a eu une faute. Une enquête interne est en train d’être finalisé. Nous donnerons la priorité à la famille pour déterminer les détails des fautes individuelles et ou collectives. Mais c’est évident qu’il y a une faute car il ne fallait pas amener les enfants sur ce lieu et pas organiser une baignade. C’est normal et naturel que la famille soit en colère et qu’elle fasse un procès."

L'ancien joueur du Stade Toulousain et actuel maire de Gruissan se veut ferme. "La tragédie en Afrique du Sud avec la disparition dramatique de Medhi Narjissi sur une plage déconseillée à la baignade, sans encadrement, m'interpelle. J’ai été manager des moins de 20 ans. Je pense qu’il faut aujourd’hui restaurer l’autorité et la sécurité et sanctionner s'il le faut."

Les 2 adversaires du moment sont également revenus sur l'épisode judiciaire rugbystique de l'été. 2 joueurs du XV de France (Hugo Auradou et Oscar Jegou) accusés par une femme de viol aggravé en réunion, dans une boîte de nuit à Mendoza (Argentine). "Depuis le premier jour on a tenu un seul et même discours, reconnaît Florian Grill. Un : on écoute la plaignante. Deux, on rappelle la présomption d’innocence des joueurs. Trois, on fait confiance à la justice argentine. Il ne fallait pas que le problème devienne international entre la France et l’Argentine. Je note que depuis le début, la justice argentine a avancé. Elle a d’abord libéré les joueurs en Argentine, elle les a libérés en France. On verra ce qu’elle décide in fine. Nous attendons la vérité des faits et c’est la justice argentine qui doit décider."

Le président de la FFR juge prématurée, la réintégration des 2 joueurs au sein du XV de France. Il a dû faire face à une motion de défiance il y a quelques semaines. "Ce n'est pas très important. C'est de la politique interne."

Didier Codorniou s'est également exprimé. "Les joueurs ont toujours besoin d’avoir des moments de pause mais ils représentent la nation. Et quand on représente la nation, il faut aussi bien connaître les pays qu’on visite. Il faut un chef de liaison, une personne pour faire le lien avec les ambassades, la connaissance de la culture du pays où l’on va. Je suis allé en Argentine. Je connais l’environnement de ces pays. Tout se prépare mais il faut une grande autorité et par moments sanctionner."

Enfin, il y a eu aussi l'affaire Jaminet. Le 7 juillet dernier, lors de la tournée du XV de France en Argentine, Melvyn Jaminet avait publié sur son compte Instagram une courte vidéo où on l'entend répéter : "Le premier arabe que je croise sur la route, je lui mets un coup de casque". Visiblement en état d'ébriété, la FFR l'a suspendu 34 semaines pour propos racistes. "Il faut prendre du recul, affirme Didier Codorniou. Melvyn Jaminet ne mérite pas ce traitement. Je connais le joueur et l’environnement. La décision est très lourde et aurait mérité d’être graduée."

Avec toutes ces affaires, la FFR et son président Florian Grill ont été malmenés cet été. Fin août, l’opposition avait même demandé sa démission avec une motion de défiance. Le 19 octobre, le rugby français décidera qui de Didier Codorniou ou de Florian Grill remportera le match. 

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