Après le vote de la Commission Européenne qui renouvelle l'autorisation du glyphosate dans l'Union Européenne pour les 10 prochaines années, associations et une partie des agriculteurs s'écharpent sur ce pesticide. En Occitanie, la vision diffère entre l'impossibilité de faire sans pour les uns, et la refonte de tout un modèle à prôner pour les autres.
C'était une décision particulièrement attendue, et elle crée déjà des remous entre deux camps. Jeudi 16 novembre, la Commission européenne a décidé de renouveler l'autorisation du glyphosate dans l'Union européenne jusqu'en décembre 2033. Une victoire pour certains, une injustice pour d'autres.
Glyphosate : la Commission européenne va renouveler l'autorisation de l'herbicide pour dix ans, après l'absence d'accord des 27 pays de l'UEhttps://t.co/uiSfrrVWd6
— franceinfo (@franceinfo) November 16, 2023
"Une décision illégale" estime une association
Pour rappel, le glyphosate est un désherbant non sélectif qui sert à éliminer les mauvaises herbes avant de semer, ou après la récolte pour nettoyer le sol sans avoir besoin de labourer. Il permet aux agriculteurs de gagner en efficacité dans leur exploitation.
Après le vote de la Commission Européenne, l'organisme Secrets Toxiques, qui regroupe 78 associations, s'est rapidement mobilisé en organisant une conférence de presse vendredi 17 novembre. Elle dénonce "une décision illégale" pour différentes raisons.
Sur le plan législatif, "toute approbation ou renouvellement de substance active est conditionné à la production de la preuve de l’absence d’effets néfastes à court ou à long terme pour la santé humaine ou l’environnement pour au moins un exemple de produit contenant ladite substance (en l’occurrence, le glyphosate)", amorce Secrets Toxiques en introduction, par la voix de son directeur de campagne Andy Battentier.
C'est pour cette raison que l'avocat de l'association, Maître Guillaume Tumerelle, va déposer un recours en annulation auprès de la Cour de justice de l'Union Européenne (CJUE). La robe noire avance notamment que "les études faites par les industriels ne peuvent pas être prépondérantes", et que l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) "ne tient pas compte de toutes les études". Cette action judiciaire n'est pas certaine d'être étudiée, car la CJUE doit d'abord la juger recevable en estimant si elle impacte l'intérêt direct de personnes.
Différence de visions entre agriculteurs
L'abandon du glyphosate n'est pas plébiscité par tous les agriculteurs. Comme nous vous le racontions le 25 septembre, plusieurs d'entre eux rappelaient "ne pas pouvoir" faire sans. "Il n’y a pas d’autres moyens de tuer l’ambroisie, le datura ou le stadium que par les moyens chimiques", certifiait le céréalier haut-garonnais Jean-François Lamassé, également membre de la FDSEA.
Glyphosate : "On ne peut pas faire sans", le cri d'alarme d'un agriculteur, l'utilisation de l'herbicide vraisemblablement prolongée de 10 ans https://t.co/L3NR395aa5 pic.twitter.com/t37PIbuhyH
— France 3 Occitanie (@F3Occitanie) September 25, 2023
La Confédération paysanne, elle, défend un autre modèle. "C'est la destruction du vivant, donc ce n’est pas possible, ce n’est pas une solution, on continue à s’autodétruire", assurait dans cet article Luc Franc, apiculteur à la ferme de Vernou en Ariège.
Une vision partagée par Benoît Biteau, député Écologie au Parlement européen. Présent à la conférence de presse de Secrets Toxiques, il prône l'agronomie : un modèle pour cultiver les terres et nourrir les hommes tout en respectant l'environnement. "Ceux qui disent qu'ils ne peuvent pas faire sans glyphosate, ils ont tout essayé sauf l'agronomie", promet l'élu. "C'est une alternative. Ça coûte beaucoup moins cher que d'acheter des équipements pour lutter contre le glyphosate", plaide-t-il.
Secrets Toxiques a deux mois pour déposer un recours. S'il est jugé recevable par la CJUE, la procédure pourrait prendre plusieurs mois.