Une soixantaine de "faucheurs", militants de la Confédération paysanne, ont occupé un entrepôt de stockage de pesticides à Carcassonne, jeudi 9 novembre, avant d'être délogés par les forces de l'ordre. Ils protestaient contre la possible réintroduction du glyphosate.
Une soixantaine de "faucheurs volontaires", des militants de la Confédération paysanne connus pour leurs opérations coups de poing, ont envahi ce jeudi 9 novembre un entrepôt de la coopérative agricole Arterris à Carcassonne (Aude) où sont stockés des pesticides agricoles, dont des bidons à base de glyphosate vendus par Arterris. Les militants ont été délogés par les forces de l'ordre en fin d'après-midi.
Sept d'entre eux sont en garde à vue ce jeudi soir au commissariat de Carcassonne. Peu après 18h, les militants continuaient les protestations devant le commissariat.
"Nous avons décidé d'un nouveau coup de projecteur", affirme Jacques Dandelot, militant historique de la Confédération paysanne présent sur place jeudi matin.
URGENT - #Glyphosate #Carcassonne
— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) November 9, 2023
une cinquantaine de Faucheur·euses ont pénétré ce matin dans les entrepôts de la société Aterris à #Carcassonne où sont stockés des bidons de #glyphosate. La police est sur place.@AFP @agrapresse @ContexteAgro @BFMTV @RTLFrance @franceinfo pic.twitter.com/BFProgclZ3
Dans l'après-midi, les sept militants qui sont ce soir en garde à vue avaient grimpé sur des étagères de l'entrepôt pour ne pas être délogés. Une trentaine d'autres protestaient en soutien à l'extérieur du bâtiment. "On a décidé de ne faire aucun dégât. L'objectif est d'atteindre la préfecture et les ministères concernés", précise Jacques Dandelot à France 3 Occitanie.
"L'objectif est d'atteindre la préfecture et les ministères concernés."
Jacques Dandelot, militant de la Confédération paysanneà France 3 Occitanie
Une possible ré-autorisation du glyphosate
Cette opération intervient alors que doit avoir lieu, le 16 novembre, un vote des États membres de l'Union européenne sur la prolongation de l'autorisation d'utilisation du glyphosate dans les champs européens, la précédente autorisation arrivant à son terme le 15 décembre 2023. La Commission européenne propose de renouveler l'autorisation pour 10 ans. Un premier vote des États européens en octobre n'a pas permis de rassembler une majorité qualifiée pour entériner une nouvelle autorisation du pesticide.
En outre, le procès de Christian Roqueirol, "faucheur" et militant anti-OGM, accusé d'être entré illégalement dans des locaux d'Arterris à Castelnaudary en 2021, débutait ce mercredi 8 novembre au tribunal correctionnel de Carcassonne. Il est accusé d'avoir dégradé des sacs de grains qu'il considérait être des organismes génétiquement modifiés.
Les militants de la Confédération paysanne souhaitaient ce jeudi mettre en lumière le combat contre les pesticides et alerter la préfecture et le gouvernement avant le vote européen du 16 novembre. "On demande un positionnement clair et précis du vote de la France", réclamait Matthieu Blaise, militant "faucheur" présent sur place. "Depuis 2018, le gouvernement et le président disaient qu'il y aura la fin de ce produit. Mais ce glyphosate sera peut-être ré-autorisé", se justifie Jacques Dandelot, qui craint un vote du gouvernement français en faveur de la réintroduction du pesticide.
Le glyphosate, herbicide utilisé par les particuliers et dans l'agriculture, est au cœur d'une controverse scientifique au sujet de sa cancérogénicité. La Confédération paysanne, pourfendeuse de l'industrialisation de l'agriculture et des OGM, milite de longue date en faveur du bannissement du glyphosate.