Depuis une dizaine de jours, les salariés du site de Latécoère à Toulouse (Haute-Garonne) sont en grève. L'équipementier aéronautique va délocaliser la chaîne de production de l'usine de Montredon à l'étranger laissant les 109 salariés du site toulousain choisir entre une mobilité en interne ou quitter l'entreprise. Le salariés attendent plus de garanties.
Le 18 février 2022, le directeur général de Latécoère, Thierry Mootz, intervenait sur l’antenne de BFM Business. Très "optimiste" pour l’avenir de l’entreprise qui "est à la relance" avec "un rebond qui arrive maintenant."
Un an plus tard, Gérard*, qui travaille chez Latécoère depuis 33 ans ne digère toujours pas ces déclarations car il y a deux mois, la direction a annoncé que l'activité du site de Montredon (Haute-Garonne) serait bientôt délocalisé en République Tchèque et au Mexique. 109 salariés sur les 150 du site sont concernés.
Les principales organisations syndicales ont signé un "accord relatif à la Gestion des emplois et des parcours professionnels" (GEPP). Le texte prévoit des mesures d’accompagnement et des aides pour l’ensemble des salariés du groupe. La CGT a refusé de parapher cet accord.
Pour la direction, le site n'est pas délocalisé mais sera réorienté vers des activités "rentables et pérennes". Pas de quoi rassurer l'ensemble des salariés.
Gérard a donc décidé de faire la grève depuis une dizaine de jours "comme 50% des salariés" selon lui, à peine 35 personnes selon la direction.
Notre directeur général dit que tout va bien alors pourquoi délocaliser notre usine à l’étranger ?
Gérard, employé chez Latécoère depuis 33 ans
Leur direction leur a offert deux possibilités : une mobilité en interne ou quitter Latécoère. Mais s’ils restent dans l’entreprise, ils devront forcément changer de métier. Les ouvriers de Montredon travaillent sur des machines qui n’existent pas sur les autres sites de la région toulousaine. "C’est difficile à admettre. Il y a des gens qui ont 20 ans d’expérience et ils vont partir sans savoir ce qu’ils vont faire comme métier" déplore Gérard.
Un avenir flou
Les discussions avec la direction n’ont toujours pas abouti à une sortie de crise. Les salariés veulent des garanties.
Si on travaille sur un autre site, on ne veut pas de pertes de salaire, on veut des formations rémunérées. Sans ces assurances, tous ces changements continuent d'engendrer de l’inquiétude chez les salariés .
Gérard, employé chez Latécoère depuis 33 ans
D'après Stéphane Faget, le secrétaire syndical Fo de Latécoère, il y a eu des avancées. La directeur a assuré qu'il n'y aurait pas de baisse de salaire et la possibilité, s'ils quittent l'entreprise et ont trouvé un nouvel emploi, de partir au moment voulu.
La direction a aussi proposé cependant que les jours de grève soient décomptés sur plusieurs mois.
100 millions d’euros injectés
Quand les ouvriers ont appris que l’actionnaire de Latécoère, Searchlight Capital Partners, souhaitait "injecter à nouveau 100 millions d'euros", ils l’ont très mal pris. D’après les Echos, le fonds d’investissement serait prêt à injecter à nouveau, en plus des 420 millions déjà investis à condition "que les banques qui ont accordé les PGE, et donc l'Etat qui les couvre à 90%, acceptent d'effacer la dette".
Est-ce que cet argent investi va être injecté dans des entreprises françaises ou à l’étranger pour acheter des machines par exemple ? C’est notre crainte… on ne sait pas où on va.
Gérard, employé chez Latécoère depuis 33 ans
Gérard travaille chez Latécoère depuis 34 ans. A 57 ans, il a décidé de changer de vie. Le métier de pâtissier l’attire. Un changement radical d’univers, car il veut aujourd’hui tourner la page de ces années dans l’aéronautique.
"Ce n’est plus ce que c’était. Dans le passé, on avait une connaissance des avions, un savoir-faire. Maintenant, on nous demande de faire des choses très simples qui ne requièrent aucune qualité." Gérard.
Mardi soir, selon la direction de Lapécoère, la grève est terminée.