Jeudi 27 janvier, à Toulouse (Haute-Garonne), enseignants et personnels de l’éducation nationale reprennent le chemin de la grève. Selon les syndicats, en raison de salaires trop bas, le rectorat de Toulouse ne trouve pas de remplaçants pour assurer les cours. Entretien avec Pierre Priouret, représentant du SNES-FSU.
Le milieu enseignant va mal. Les démissions sont en hausse chez les professeurs du second degré, même si elles restent à un niveau faible, et les ruptures conventionnelles en milieu de carrière pour des reconversions explosent. Autant de signaux pour les syndicats qui appellent à une nouvelle journée de grève, jeudi 27 janvier, deux semaines après une première mobilisation. Explications avec Pierre Priouret, représentant syndical en Haute-Garonne du SNES-FSU.
France 3 Occitanie : quelles sont les raisons de cette mobilisation ?
Pierre Priouret, syndicat en Haute-Garonne SNES-FSU : "elle s’inscrit dans un cadre interprofessionnel des conditions de travail et des salaires. Dans le second degré, il y a un problème de pouvoir d’achat du fait du gel de la rémunération de base depuis 10 ans . Nous avons perdu, sur une vingtaine d’années, de 20 à 25% de pouvoir d'achat. Cela finit par faire beaucoup. Et cela se double du fait d’avoir le sentiment de porter le système à bout de bras dans un contexte sanitaire particulièrement difficile et sans aucune reconnaissance de leur engagement. Malgré les dires de Jean-Michel Blanquer qui annonce des revalorisations, ces mesures ne concernent que très très peu de collègues. Cela se traduit également par la difficulté de recruter des remplaçants durant la période. Cela fait des années que les concours ne font pas le plein. Même les contractuelles, nous n’arrivons plus à les recruter. Ce qui a amené le rectorat de Toulouse à proposer des aménagements en termes salariaux et d’embauche sur des contrats de plus longue durée."
France 3 Occitanie : La mobilisation du jeudi 20 janvier a été faible, comment l’expliquez-vous ?
Pierre Priouret, syndicat en Haute-Garonne SNES-FSU : "la semaine dernière, nous n'avons pas appelé à la grève. Car dans le second degré, cela aurait été le troisième jeudi et que l’on pénalise toujours les mêmes classes. Ce que les collègues ne veulent pas faire. C’est clair que jeudi dernier, ils ont fait l’impasse. Ce n’était pas une surprise. Difficile de savoir ce que cela va donner demain. On sait que la préoccupation sur les salaires monte "fort" dans la profession. Ce n’est plus un tabou. Pendant très longtemps, les profs râlaient sur leurs conditions de travail, sur les effectifs des classes. Aujourd’hui, c’est sur les salaires. Un enseignant débute actuellement avec 1,2 SMICS (environ 1 500 euros net par mois) pour un Bac+5. On ne trouve plus un étudiant de disciplines scientifiques qui veut devenir professeur. Avec un Master scientifique, vous trouverez désormais des emplois bien mieux rémunérés que dans l’Education nationale."
France 3 Occitanie : N’avez vous pas peur que ce message ne soit pas compris par l’opinion et les parents d’élèves, qui continuent à faire face aux contraintes de l’épidémie de Covid ?
Pierre Priouret, syndicat en Haute-Garonne SNES-FSU : "la principale association de parents d’élèves, la FCPE nous soutient. Ils constatent eux aussi les difficultés de recrutement et qu’à force de ne pas payer les personnels du second degré à leur juste investissement, on ne trouve plus personne. Cela veut dire dans l’académie de Toulouse et hors contexte sanitaire, début décembre, plus d’une centaine de postes qui ne sont pas assurés depuis la rentrée. Il y a eu des élèves qui ont eu zéro cours de mathématiques au premier trimestre. Ça les parents le voient et comprennent bien que l’école a besoin de personnel pour fonctionner et que nous n’arrivons même plus à recruter des contractuels."