C'est une mobilisation que redoutaient la plupart des Français : la grève des contrôleurs SNCF. Ce mouvement, débute le 23 décembre, et durera à Noël. Des trains sont annulés, l'Occitanie n'est pas épargnée. Reportage en gare de Toulouse Matabiau.
Dans le hall de gare de Toulouse, des dizaines de voyageurs semblent déboussolés, agacés. À quelques mètres de ces âmes en transit, une phrase répétée presque en boucle : "bonjour, je viens car mon train est annulé ce week-end…"
Une ritournelle entendue ce 21 décembre, des dizaines de fois, par les agents présents au guichet d'information. La cause : une grève des contrôleurs le week-end de Noël.
"On commence à avoir l'habitude avec la SNCF", souffle Liliane en route pour Marseille, avec ses valises remplies de cadeaux. "Je rejoins mon fils et mes petits enfants pour les fêtes, je ne les ai pas vus depuis un an. Hors de question de ne pas m'y rendre !", ajoute la retraitée qui a préféré avancer son billet.
Ce matin, au micro de nos confrères de Franceinfo, le PDG de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet, s'excusait pour les "200.000 voyageurs privés de train." Mais le patron se voulait rassurant : "deux trains sur trois circuleront".
Pourtant, lorsque l'on échange avec le personnel de gare, le tableau semble plus sombre.
Une grève "incontrôlée"
Derrière son comptoir, Baptiste* nous montre les premières estimations d'annulation des trains. Entre ces mains, plusieurs feuilles avec des trajets surlignés en rouge vif au départ de Toulouse. Il nous confirme que ce code couleur correspond aux trains qui ne circuleront pas. Il y en a beaucoup, plus que seulement un sur trois.
Certaines destinations sont plus affectées que d'autres. Le trajet Toulouse-Lyon semble quasiment impossible à réaliser en train à Noël.
Les contrôleurs souhaitant faire grève ont 48 heures pour déposer leur préavis. Baptiste précise :"ces fiches peuvent donc changer, des annulations de dernière minute peuvent encore avoir lieu."
Le mouvement de colère des contrôleurs, initialement porté par un collectif baptisé Collectif national ASCT (CNA), s'est formé en dehors de tout cadre syndical et rassemblerait plus de 3500 chefs de bord (le nom officiel des contrôleurs).
Il s'est cependant appuyé sur les syndicats pour porter ses revendications et déposer des préavis de grève à Noël et au Nouvel An.
Un remboursement à 200%, mais en bon d'achat
Pour calmer la grogne des passagers, Christophe Fanichet, le PDG de SNCF Voyageurs a affirmé : "tous les trajets sont échangeables gratuitement, sinon il est possible de se faire rembourser son billet à 200%". Dans la pratique, tout se complique. En guichet, il n'est possible d'obtenir que la somme correspondante au prix d'achat du billet. Pour bénéficier, des 200% c'est une procédure en ligne, et le voyageur reçoit la somme sous forme de bon d'achat.
Régine vient d'en faire les frais. "Je me rends à Lannion (Bretagne), mon train est annulé et je ne peux pas décaler mon billet, les autres trajets sont complets ou alors je travaille à ce moment-là", nous confie t-elle attristée. Cette Toulousaine a obtenu son remboursement, mais elle passera les fêtes de fin d'année à domicile, n'ayant pas trouvé d'alternative.
Sur les réseaux sociaux, certains internautes partagent des bons plans, pour essayer de voyager malgré la grève. Les Intercités sont moins touchés que les TGV, mais ils sont pris d'assaut :
Quelles sont les revendications du mouvement ?
"Nous passons une dizaine de nuits par mois en déplacement à travers la France", témoigne un des grévistes. Il évoque des journées de travail qui peuvent atteindre "jusqu'à 10h ou 11h" d'amplitude horaire. Selon lui, les contrôleurs se retrouvent "de plus en plus" seuls à bord, dans des TGV "qui peuvent comporter jusqu'à 600 clients", alors qu'ils doivent être minimum deux. Le mouvement réclame une meilleure considération, et une rémunération plus juste.
Concernant les conditions salariales, la direction de la SNCF a proposé une prime "pour tous les cheminots" de 600 euros brut par an, ainsi qu'une indemnité supplémentaire pour les contrôleurs de la même somme. "L'indemnité, c'est 38 euros net par mois, c'est largement en dessous de ce que nous espérions", conclu ce gréviste ASCT.
La grève va "coûter plusieurs dizaines de millions d'euros", mais ce qui le "touche, au-delà de tout ça, c'est l'impact que ça va avoir sur notre entreprise. En effet, "les Français font confiance" à la SNCF "pour pouvoir voyager". Or, "pour Noël, nous ne serons pas au rendez-vous", regrette Christophe Fanichet.
Baptiste* le prénom a été modifié