Près de trois mois après le début de la guerre en Ukraine, plus de 70 000 réfugiés seraient accueillis en France. La vague de solidarité qui a déferlé a abouti à de nombreux hébergements d'aide chez des particuliers. Mais la guerre dure et peu de solutions pérennes semblent envisagées.
Cela fait environ trois mois que la guerre frappe l'Ukraine. Rapidement après le début du conflit, des familles, souvent composées de mère et de leurs enfants, ont fui dans les pays alentours. Dont la France. À Tournefeuille, près de Toulouse, 29 familles ont ainsi trouvé refuge.
"On a tout fait, tout seul"
C'est le cas de Anna et son fils Eliakim, qui vivent chez Sophie et Éric à Tournefeuille, depuis le lundi 14 mars. Si la jeune femme dispose d'un confort et d'une certaine indépendance dans sa famille d'accueil, elle souhaite néanmoins s'émanciper. Alors qu'elle travaille depuis peu, elle est à la recherche d'un appartement. Mais tout n'est pas si simple.
"On a tout fait tout seul, on n'a pas du tout été aidés par une association, pose Éric, son hôte depuis plus de deux mois. On a fait l'administratif et maintenant on fait la recherche d'appartement. On a fait des demandes au CCAS pour des logements sociaux et là on est tombé sur un écueil (...) il n'y en a pas."
Difficulté d'accès au logement
C'est là justement, que se trouve tout le problème. Si elles ne regrettent en rien leur élan de solidarité, les familles d'accueil s'inquiètent de l'avenir. De même que les familles de réfugiés. Les aides administratives et financières ne sont pas toujours au rendez-vous et elles se retrouvent parfois démunies pour aider leurs hôtes. La situation d'aide d'urgence s'éternise et les solutions ne sont pas légion.
"Le plus dur c'est la recherche de logements, confirme Corinne, également famille d'accueil de deux Ukrainiennes. À la maison, elles ne se sentent pas chez elles, surtout maintenant qu'elles sont un peu installées. Elles ont trouvé du travail, elles ont un CDI donc elles sont prêtes à prendre un petit logement mais on n'en trouve pas pour l'instant ni de bailleurs sociaux. Du côté du privé, les propriétaires sont frileux au niveau des cautions et des garanties" poursuit-elle.
À Tournefeuille, ce samedi 21 mai, la rencontre organisée par la mairie afin de remercier les familles d'accueil locales, a également été l'occasion de discuter du futur des réfugiés. Consciente du problème, la municipalité tente d'apporter des réponses sur le long terme, mais peine à les mettre en place.
Des aides de l'État attendues
"L'état français doit nous accompagner, doit accompagner les bailleurs sociaux, doit accompagner les personnes qui disposent d'un logement et qui voudraient accueillir des familles ukrainiennes, détaille, Dominique Fauchier, le maire socialiste de la commune. C'est à l'état de prendre en charge de ces coûts et nous œuvrons, avec les collectivités et l'association des maires de France, pour être entendus sur ce sujet."
Des réponses que les familles, françaises comme ukrainiennes, attendent. Sur les 29 familles ukrainiennes accueillies à Tournefeuille, la plupart ne souhaitent pas ou ne peuvent pas encore envisager un retour au pays.