Le Préfet de la Haute-Garonne a réclamé l'annulation d'une motion votée par les communes de Colomiers et la Salvetat-St-Gilles, appelant à la paix en Palestine et Israël. Une demande vécue comme une censure par les élus municipaux.
Des motions appelant à la paix, qui n'auraient, selon la Préfecture de la Haute-Garonne, pas lieu d'être. Le 28 février et le 24 avril, les communes de la Salveta-St-Gilles et de Colomiers ont respectivement voté une motion en faveur de la paix, en Palestine et Israël.
Quelques semaines plus tard, les deux municipalités ont reçu un courrier du Préfet, réclamant l'annulation des motions. Contactée par France 3 Occitanie, la Préfecture justifie cette demande par le fait que, juridiquement, les motions des collectivités locales doivent "présenter un lien suffisamment direct et spécifique avec un intérêt local qu'elles partagent. Or, la politique internationale de la France est de la compétence exclusive de l’État".
"Deux poids, deux mesures"
Une "censure" incompréhensible pour Roséane Auguenois, secrétaire de la section PCF de l'Ouest-Toulousain et élue à Colomiers. "Nous avons pris cette position dans le but de soutenir la demande d'un cessez-le-feu et d'appeler la population à se rallier à notre cause, explique-t-elle. À Colomiers, suite à plusieurs mobilisations en faveur de la paix au Proche-Orient, la Ligue des droits de l'homme et la CGT ont réclamé une prise de position de la part de la mairie."
Paix à #Gaza : La Préfecture censure les élus de Colomiers et de la Salvetat-St-Gilles ! ⤵️ pic.twitter.com/Yzd02p9qnn
— PCF Haute-Garonne (31) (@PCF_31_HG) May 20, 2024
L'élue communiste assure que cette motion est pourtant "modérée" puisqu'elle réclame "un arrêt du conflit", ce qui "correspond à la ligne du gouvernement". Elle ajoute qu'à plusieurs reprises, ces dernières années, la municipalité a voté des motions qui ne concernaient pas directement la ville. Elle donne l'exemple de l'appel à la paix en Ukraine, en 2022, qui n'avait posé aucun problème. "On a l'impression que c'est deux poids deux mesures", regrette-t-elle.
La colère des élus locaux
Roséane Auguenois dénonce un "éternel combat entre la technocratie et les élus locaux". Elle rappelle que "les conseillers municipaux sont élus au suffrage universel", et que, pourtant, le Préfet peut légiférer sur leurs actions, ce qui est "mal vécu par les élus".
De son côté, la Préfecture l'assure : "Il ne s'agit pas ici de s'immiscer dans la liberté d'expression des élus locaux parfaitement légitime, mais simplement de veiller au respect de la règle de droit."
Le maire et les élus de la Salvetat-St-Gilles ne souhaitent pas retirer leur motion. Ils estiment, selon Éliane Andreau, adjointe à la mairie de la commune,"qu'elle est juste, qu'elle est soutenue par notre président de la République, qui lui aussi réclame la paix. Nous, élus locaux, avons le droit de nous exprimer". Elle conclut : "Si on doit aller devant les tribunaux et être sanctionné, on ira."