Une fonctionnaire, ancienne greffière en chef du tribunal judiciaire de Toulouse (Haute-Garonne), était jugée pour harcèlement moral ce vendredi 6 décembre 2024. Huit agents l'ont attaqué en justice, s'estimant victimes de dénigrement, voire d'humiliation. Le jugement sera rendu le 6 février 2025.
L'affaire a été délocalisée au tribunal correctionnel d'Albi (Tarn). Après un premier renvoi, le procès de l'ancienne greffière en chef de Toulouse pour harcèlement moral s'est finalement tenu ce vendredi 6 décembre 2024. Huit agents, qui étaient sous ses ordres, dénoncent des dénigrements répétés et des propos vexants durant plusieurs années. L'audience s'est déroulée en leur absence. Et à la barre, la fonctionnaire a nié les avoir traités de "bras cassés", de "punaises" ou encore de "cas soc'".
Souffrance au travail
Tous les agents qui ont porté plainte pour harcèlement moral se disent victimes de dénigrement et d'humiliation au long cours. La plupart évoquent des propos vexatoires et des séances dépassant le simple cadre de la remontrance professionnelle. Les évaluations, auxquelles se sont soumis les plaignants, révèlent une souffrance au travail entraînant une incapacité totale de travail de quatre et six jours pour certains. Six des huit plaignants ont assisté à l'audience, mais n'ont pas souhaité prendre la parole.
Elisabeth C. est décrite par son supérieur comme une personne "peu fédératrice", "ayant une haute opinion d'elle-même." À la barre, l'ancienne directrice des services de greffe nie avoir tenu les propos rapportés par les agents. Elle dit n'avoir jamais eu le moindre mot vexatoire ou humiliant. Sur le banc des plaignants, l'émotion est palpable lors de ces dénégations. Elisabeth C. Dit avoir fait "le maximum en tant que cheffe de service."
"La volonté de nuire, vous ne l'avez pas"
Elisabeth C. est elle-même en souffrance et déclare devant le tribunal "être effondrée". Un expert précise que la fonctionnaire a eu des idées suicidaires depuis le début de cette affaire. Pour sa défense, Me Axelle Chorier déclare qu'un "mauvais manager n'est pas un harceleur. Elle était elle-même en état de stress. La volonté de nuire, vous ne l'avez pas."
Lors de sa dernière prise de parole, l'ancienne cheffe de service dit, la voix tremblotante, "je voyais cette souffrance, mais je me sentais impuissante. Évoquant les plaignants, elle aura également ces mots : aujourd'hui, je voulais leur dire que je ne leur en veux même pas." Réaction effarée dans la salle d'audience. "C'est une blague", entend-on du côté des parties civiles.
Jugement rendu le 6 février
La peine encourue pour harcèlement moral est d'un an de prison et 15.000 euros d'amende. Dans son réquisitoire, le procureur de la République a réclamé une interdiction d'exercer une fonction publique durant cinq ans.
Me Hervé Rénier, avocat des huit plaignants, a plaidé pour un dédommagement allant de l'euro symbolique à 25.000 euros pour deux des agents.
Le tribunal correctionnel rendra sa décision, le 6 février 2025.
(Propos recueillis à l'audience par N'Daricaling Loppy)