Parfois entachée de débordements, la manifestation contre la réforme des retraites est aussi un lieu où le cortège se rassemble autour de la musique, beaucoup diffusée par les camions des syndicats. Un moyen de faire entendre encore plus fort le sentiment de contestation.
Elle passe inaperçue tellement elle fait partie du décor, et pourtant on n’entend qu’elle ou presque pendant le cortège. Mardi 28 mars 2023, durant le 10e jour de manifestation contre la réforme des retraites à Toulouse, la musique, diffusée par les camions ou utilitaires des syndicats comme la CGT ou FO, résonne sans interruption.
Une playlist de tous les styles
Les musiques diffusées par les représentants syndicaux reprennent les slogans révolutionnaires français mais aussi hispaniques, ainsi que des morceaux de rap ou de reggae. On peut ainsi entendre Hasta Siempre, chant en l'honneur de Che Guevara, ou bien Réveillez-vous de Keny Arkana.
La playlist musicale regroupe également des sons comme Revolution de Bob Marley, ou encore El pueblo unido jamás será vencido (le peuple uni ne sera jamais ne sera jamais vaincu, en français) de Quipalayún. On vous la dévoile ici :
"Une manifestation sans musique, ça ne peut pas marcher"
"La musique est un vecteur d'idées, c'est pour ça que l'on essaie d'avoir des musiques dynamiques car les gens autour de nous ont besoin des chants qui rythment le pas de la manifestation. La manifestation c'est du mouvement" revendique Richard Grelson, délégué syndical. CGT. "Une manifestation sans musique, c'est impensable car ça ne peut pas marcher".
Autour des camions où des grosses enceintes sont accrochées pour diffuser la musique, ils sont quelques-uns à reprendre des chants où à s'essayer à quelques pas de danse. "Cela amène de la joie et de l'entrain, c'est plus amusant que du silence" sourit Catherine, informaticienne en grève présente en milieu de cortège. "Entendre un chant comme Antisocial (de Trust, NDLR), ça fait du bien !".
La musique, "symbole d'identification"
Même sentiment pour Joëlle, venue manifester dans le calme avec son mari, au contraire d'autres contestataires qui ont perturbé l'avant du cortège. "C'est rassurant, pas comme les pétards par exemple" admet-elle. "Ça met un peu de gaieté et ça booste".
"On diffuse des textes engagés ou des chansons de lutte. Des musiques ont aussi été adaptées pour notre lutte contre la réforme des retraites" ajoute Richard Greslon, qui s'affaire autour du camion CGT avec ses camarades syndicalistes.
Cet air de révolution convient très bien à Guy, un sexagénaire assez nostalgique de l'esprit de révolution fort à l'époque, et qui goûte très peu "au système actuel du pays". Après avoir entonné un chant "de la légion militaire", il évoque la musique de la manifestation, qui lui rappelle "des chants qui ont bercé des révolutions", persuadé "de la part d'identification de la musique en manifestation".
Cette musique dynamique n'a cessé de résonner dans les rues de Toulouse, entrecoupée de quelques discours de syndicalistes bien décidés à ne pas lâcher face à une réforme des retraites qu'ils considèrent injuste.
