Une tendance inquiétante se profile en France, selon le comparateur Assurland. Les propriétaires voient leurs primes d'assurance habitation augmenter de manière significative. Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) et Occitanie sont particulièrement concernées. Ces deux régions subissent les conséquences dévastatrices du réchauffement climatique.
Le réchauffement climatique remet profondément en cause nos modes de vie, mais le phénomène climatique coûte également très cher à la société. Rien qu'en France, les sinistres liés au climat ont coûté pas moins de 10 milliards d'euros en 2022. Une hausse considérable en comparaison à la moyenne des cinq dernières années, établie à 3,5 milliards d'euros. Les tempêtes, les inondations, les averses de grêle et la sécheresse sont autant de fléaux qui frappent régulièrement l'Hexagone.
Mais, c'est le Sud de la France, où les dommages matériels sont les plus importants, que l'augmentation des assurances habitations sont en constante progression : "On remarque qu’il y a une tendance à la hausse surtout en Paca et en Occitanie", souligne Stéphanie Durrafour du comparateur Assurland. Comment l’explique-t-on? Ces régions sont les plus exposées aux inondations, aux tempêtes, aux averses de grêles et désormais à la sécheresse."
Dans la région d'Occitanie, les primes d'assurance habitation ont augmenté en moyenne de 40 % depuis 2010, atteignant un montant moyen de 251 euros en 2023, contre 232 euros l'an dernier soit +8,15% . En région Paca, la moyenne est actuellement de 249 euros, très loin des 189 euros en Bretagne (+10,68% en un an).
Développer la prévention, augmenter la surprime catastrophe naturelle
Face à cette réalité préoccupante, plusieurs solutions sont envisagées pour faire face aux conséquences du réchauffement climatique. "Développer la prévention est primordiale, assure Stéphanie Durrafour. Il est crucial de protéger les zones côtières et d'adapter les nouveaux logements pour faire face aux risques. Cependant, ces mesures ne produiront pas d'effets immédiats."
L' autre option envisagée est de revoir à la hausse la surprime catastrophe naturelle, qui alimente le fonds d'indemnisation des catastrophes naturelles. "Actuellement en déficit, cette taxe pourrait passer de 12 % à 18 % dans les années à venir, ce qui n’est pas neutre lorsque l’on voit déjà la hausse du coût des assurances. La décision est sur la table, mais elle est difficile à prendre, surtout en période d'inflation."
Des pistes exposées en 2022 par la Cour des comptes.
Tant que ces solutions ne sont pas mises en place, certains assureurs commencent à se retirer de certaines zones à haut risque d'Occitanie et de Paca. "D’autres appliquent des tarifs prohibitifs, rapporte la porte-parole Assurland. Ils vont mettre un prix d'assurance multipliée par 5 car vous habitez au bord d’une rivière et que vous avez déjà eu plusieurs sinistres. C’est une façon de dire qu'ils ne veulent pas vous assurer."
Des assurances spécialisées dans les zones sinistrées ?
Il n'est pas à exclure dans le futur que certaines compagnies se spécialisent pour couvrir les zones sinistrées, comme certaines d'entre elles le font déjà pour les conducteurs malussés.
L'assurance habitation est obligatoire pour les copropriétaires et les locataires. Dans le cas où les assureurs traditionnels refusent de fournir une couverture adéquate, il est possible de se tourner vers le Bureau Central de Tarification (BCT), un organisme qui facilite la recherche d'un assureur dans de telles situations.
Les experts considèrent que les primes pourraient augmenter de manière exponentielle dans les prochaines décennies, avec une augmentation estimée entre 130 % et 200 % d'ici à 2050 pour couvrir les coûts des catastrophes naturelles liées au climat.