Haute-Garonne : une rentrée particulière pour les jeunes atteints de handicap à Ramonville

La Cité de l'autonomie et de l'insertion à Ramonville accueille 800 jeunes de 0 à 20 ans atteints de handicaps très différents. Le personnel a dû faire face aux contraintes imposées par l'épidémie lors de cette rentrée particulière.

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La Cité de l'autonomie et de l'insertion de Ramonville accueille des enfants et des jeunes atteints de handicaps très différents. Ils peuvent être malentendants, sourds, aveugles, dysphasiques ou atteints de plusieurs troubles sévères. Des professionnels, éducateurs spécialisés, psychomotriciens, kinés leurs apportent à la fois les soins dont ils ont besoin mais aussi le savoir, progressivement, et en tenant compte des aptitudes de chacun.

Des familles viennent de loin pour y scolariser leur enfant. C'est le cas de celle de Xavier, 6 ans. Il souffre du syndrome de Hucher. Il est sourd de naissance et sa vue est très basse. Il peut entendre un peu grâce à des implants.

"On a traversé la France pour lui"


A la Cité de l'autonomie et de l'insertion, Xavier est scolarisé au Sival, l'un des quatre établissements que compte la cité. Scolarisé en partie seulement car il est aussi intégré dans une classe ordinaire plusieurs heures par semaine. "C'est très rare en France, explique sa mère, Anne-Laure Robeyns. Là où nous étions, dans la région de Reims, il ne pouvait bénéficier des soins dont il a besoin et, parallèlement, être scolarisé en milieu classique".
 


Anne-Laure ne tarit pas d'éloges sur l'ASEI, l'autre nom de la Cité de l'autonomie et de l'insertion. "On a choisi Toulouse, plus précisément l'ASEI et le Sival Lestrade qui permet que Xavier trouve sa place, puisse avoir un projet personnalisé, adapté à ses besoins, à son projet de vie. Sans regret, on a traversé la France pour lui".

Des professionnels au service de l'enfant


Ce qui l'a touchée : la bienveillance qui a présidé à l'accueil de son fils. Et les compétences exercées... "Il y a un plateau technique très riche, précise la mère de famille qui a connu la galère faute de trouver des structures ad hoc pour Xavier, une équipe pluridisciplinaire, de l'éducatif, du pédagogique, du rééducatif, une assistante sociale, une psychologue... Un ensemble très complet de professionnels. Les effectifs sont là. L'équipe est cohérente, en lien avec la famille et c'est très important car tout part de là".

A la Cité de l'autonomie et de l'insertion, l'offre d'accompagnement est pensée pour faciliter le parcours des jeunes. Siuée à Ramonville-Saint-Agne dans un parc de 14 hectares, elle réunit sur un même site quatre établissements et services d'enseignement, de formation et d'insertion professionnelle.

Le respect de chacun


800 jeunes, de quelques mois à 20 ans, y sont scolarisés. Certains y séjournent en internat. "Le but, c'est de proposer à chaque enfant, à chaque jeune, en fonction de ses besoins, ses attentes et ses envies, un accompagnement le plus personnalisé possible, confirme Olivia Lévrier, la directrice de l'ASEI.

"Celà, que ce soit dans le champ du soin, de la rééducation, de l'éducation, de la pédagogie, du sport, de la culture, du social et de s'adapter à la situation très personnelle de chacun, ajoute-t-elle. On est toujours dans l'idée d'aller vers le plus d'inclusion possible, d'accompagner à l'autodétermination, aux choix et aux envies de chacun".

Un public fragile

De fait, l'atmosphère est calme et les ados que nous avons rencontrés disent s'y sentir bien. Certains, comme Dylan, 17 ans, y sont depuis leur plus jeune âge. Lui apprécie les activités, comme le jardinage qu'il pratique avec plaisir, mais aussi la possibilité de décompresser avec les copains à l'internat, l'humour dont font preuve les éducateurs spécialisés.

Pour cette rentrée bien particulière, les professionnels doivent s'adapter car ils ont un public fragile. Prise de température, lavage fréquent des mains, masque ou visière… les contraintes sont lourdes à la fois pour les jeunes et pour les encadrants qui souffrent souvent de maux de tête, en raison de l'hyperventilation généré par le port du masque.

Le masque, un handicap


C'est le cas de Claire Szczepanski, psychomotricienne, qui déplore par ailleurs la dégradation des conditions de travail qu'entraîne la situation. D'une part, le port de blouses blanches perturbe les jeunes à qui elles rappellent parfois des hospitalisations qui ont pu être très douloureuses.

Le masque aussi est un handicap. "On a besoin de communiquer beaucoup avec les jeunes et c'est vrai que le visage est un outil de communication fort, précise Claire Szczepanski. Et du coup, ça nous empêche de faire passer beaucoup de messages par le non-verbal". 

Créateurs de liens


Mais les éducateurs bénéficient en ces temps troublés du lien qu'ils ont su créer avec les enfants et les ados. "Ce sont des jeunes qui sont très volontaires, qui ont envie d'apprendre et qui sont aussi surprenants. Donc je trouve que c'est très épanouissant comme métier" explique Mélanie Martinez, éducatrice technique spécialisée dans les espaces verts.

"On est toujours en train de s'adapter, de rechercher : qu'est-ce qui peut le plus leur convenir ? Qu'est-ce qu'on peut leur proposer ? Qu'est-ce qu'on peut améliorer, changer ? Je trouve ça très intéressant" poursuit-elle. 

Des formations professionnelles


Jardinage, informatique, nettoyage ou encore cuisine… les ateliers proposent des activités adaptées. L'objectif : que chacun puisse trouver sa voie. Xavier est encore jeune pour apprendre les rudiments d'un métier mais ses progrès sont éblouissants pour sa mère qui constate qu'il ne présente plus de troubles du comportement.
 


"Ici, tout de suite, la première semaine, ça a été une envolée, affirme-t-elle avec émotion. J'ai vu mon fils vraiment... Déjà il était sous un regard très positif, donc valorisé. Heureux. Et il a commencé à communiquer à la maison, dans les deux sens, en interaction".

Environ 800 professionnels travaillent pour l'ASEI à la Cité de l'autonomie et de l'insertion. Un établissement recherché car peu de villes en France sont dotées d'une structure aussi complète. En vidéo, le reportage de Christine Ravier,  Eric Foissac et Johan Touleron.


 
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