Jacques Pernoud habite à moins de 500 mètres de trois éoliennes. Le 2 avril, l’une des pâles s’est brisée, a pu constater le retraité, qui demande aux autorités de fermer le parc au plus vite. Cet accident n’est pas un cas isolé, remarque le collectif Toutes nos énergies.
Depuis onze ans, 11 éoliennes ont été construites sur l’ensemble de la zone industrielle de Montégut Lauragais, Saint-Félix Lauragais et Roumens. Samedi 2 avril, la pâle d’une des éoliennes s’est détachée avant de se briser “en plusieurs morceaux” sur le sol, comme l’indique Jacques Pernoud, un riverain.
Excédé par les nuisances sonores et visuelles qu’il dit supporter au quotidien, il a adressé ce lundi un courrier au préfet de Haute-Garonne. Cet agriculteur retraité, aujourd’hui âgé de 65 ans, demande de faire “arrêter toutes les machines qui se trouvent à moins de 500 mètres de son habitation”.
En tout, le sexagénaire en dénombre trois. Installé depuis trente ans dans les environs, il a assisté à la construction du parc éolien il y a une dizaine d’années. “À l'époque, je ne me suis pas trop penché sur la question”, avoue Jacques Pernoud. “Mais je n'étais pas trop joyeux”.
"On prend des anti vertigineux tous les jours”
Il y a neuf ans, son épouse, aujourd'hui âgée de 68 ans, fait une première crise de vertiges. Puis c’est son tour. Dans la foulée, leurs trois enfants présentent aussi des maux similaires. Les Pernoud en sont persuadés : leurs troubles sont apparus à cause de la construction des éoliennes.
Pourtant, à ce jour, aucun médecin que Jacques et sa famille ont pu consulter n’a établi un lien formel entre la présence d’éoliennes et les vertiges quotidiens. “À chaque fois, les médecins nous disent qu’il n’y a aucun rapport entre les éoliennes et nos vertiges. Moi, je suis persuadé qu'il y en a un”.
Avant qu’ils construisent les éoliennes on n’avait rien. Maintenant on prend des anti vertigineux tous les jours
Jacques Pernoud, agriculteur à la retraite.
En plus des vertiges, Jacques Pernoud raconte “les nuisances sonores” et la “pollution visuelle” qu’ils subissent, sa famille et lui, depuis l’installation du parc éolien à proximité de chez eux. “Le bruit des éoliennes est terrible”, selon le retraité. “Il n’y en a pas beaucoup quand il y a énormément de vent”, explique-t-il. “Mais le pire c’est quand il y en a juste un peu et qu’il est très bas. Et là, ce bruit, “c’est toute la journée, c’est toute la nuit”. “Je ne vous parle même pas des trous et du bétonnage”, conclut le retraité.
Depuis la rupture de la pâle, l’activité du parc éolien est à l’arrêt.
Des accidents “assez fréquents”, selon un collectif régional
Après avoir constaté la rupture de la pâle, Jacques Pernoud s’est tourné vers le collectif régional Toutes nos énergies pour alerter sur sa situation. Une situation similaire à de nombreuses autres, explique Michèle Solans, membre du collectif et basée dans l’Hérault. “Ce genre d’accidents est assez fréquent. Des éoliennes qui se brisent, qui prennent feu, ou qui ont des fuites d’huile, il y en a beaucoup”.
Formé lors de la fusion des régions, le collectif régional Toute nos énergies d'Occitanie a des antennes dans de nombreuses assemblées locales. “On dialogue avec les élus, on tente d’être reçus par les commissions d’enquêtes pour relayer les luttes”, détaille Michèle Solans.
Le collectif accompagne aussi les particuliers qui souhaitent intenter des actions en justice. À l’instar d’un couple qui se battait pour faire reconnaître devant le tribunal leurs troubles liés au syndrome éolien. En juillet dernier, la cour d’appel de Toulouse a reconnu que ces deux habitants du Tarn subissaient un “trouble anormal de voisinage” lié à la proximité d’un parc éolien. “On les a soutenus jusqu’au bout. Un soutien moral, d’abord, et avec une collecte de fonds pour les aider à payer les frais d’avocat. On va continuer à lutter”, déclare Michèle Solans.
Contacté, Voltalia, l’exploitant du parc éolien situé à Saint-Félix Lauragais, n’a pas encore donné suite à nos sollicitations.