L’épisode de froid s’installe partout dans l’Hexagone. L’hiver menace les personnes sans-abri et les services d'accueil en urgence sont débordés. À Toulouse, des associations demandent des moyens supplémentaires à l’État pour leur venir en aide.
Alerte au froid en Haute-Garonne. Depuis plusieurs jours, les températures sont négatives à Toulouse. Dans plusieurs villes du département, le thermomètre est passé sous la barre du zéro. “Avec ces températures très basses, la situation des personnes à la rue devient extrêmement dangereuse”, assure Anne-Claire Hochedel.
Inacceptable, pour la déléguée régionale de la fédération des acteurs de la solidarité (FAS) Occitanie. Aux côtés de plusieurs autres associations de protection des personnes vulnérables, à savoir le collectif inter associations de Toulouse, elle a donc envoyé une lettre ouverte à la préfecture de Haute-Garonne. Objectif : obtenir le renforcement du dispositif d’accueil en hébergement d’urgence durant l’hiver.
Datée du 26 janvier, la lettre “n’a pas encore eu de réponse de la part de l’État”, vingt-quatre heures après son envoi, commente la co-signataire. Elle constate que “les services sont complètement débordés” face à l’afflux de personnes sans-abri cherchant un refuge en plein hiver.
Les chiffres que nous transmettent le 115 nous alertent.
Anne-Claire Hochedel, FAS Occitanie
Le 115 “totalement submergé”
Dans le département de Haute-Garonne, près de 9.400 hébergements d’urgence sont réservés à l’accueil de personnes sans-abri. Dont 200 nouvelles places inaugurées à Toulouse par la préfecture sur le seul mois de décembre 2022. Pourtant, “on est loin du compte”, assure Anne-Claire Hochedel. “Malgré toutes les places ouvertes, malgré toutes les personnes qui sont prises en charge à l’hôtel, les chiffres que nous transmettent le 115 nous alertent”, indique-t-elle.
Et d’après les informations transmises par les services d’urgence destinés aux personnes sans-abri, une quinzaine de femmes ont été obligées de rester à la rue le weekend du 21 au 22 janvier faute de place disponible. “Ils étaient totalement submergés”, commente Anne-Claire Hochedel. “Faute de place, on a des familles avec des enfants à la rue. Il y a aussi des couples qui se font refuser une place systématiquement parce que tout est complet”, alerte encore la responsable associative.
Le nombre de personnes à la rue “probablement” en hausse
Entre ce jeudi 26 et vendredi 27 janvier, la mairie de Toulouse a procédé à la nuit de la solidarité. Comprenez la nuit durant laquelle les municipalités, partout en France, procèdent au recensement des personnes vivant dans la rue. Pour y parvenir, plusieurs associations sont mandatées par les pouvoirs publics, comme la Croix-Rouge ou encore le Secours catholique. Pendant qu’elles sillonnent les rues, ces associations distribuent également des vêtements chauds aux personnes sans-abri.
La situation est complètement catastrophique.
Geneviève Genève, CIAT
“Les chiffres officiels de la nuit de la solidarité ne sont pas encore connus. Et ça va mettre un peu de temps à remonter”, estime Geneviève Genève, coordinatrice du collectif inter associations à Toulouse (CIAT) au lendemain de l'opération. “Il faut attendre que toutes les données remontent aux services de la mairie avant qu’on soit fixé”, précise-t-elle.
Mais cette bénévole affirme que la tendance serait “probablement” à la hausse, décrivant une “situation complètement catastrophique”. “En plus, on est en pleine pénurie de duvet. On ne peut plus en distribuer aux familles ou aux personnes seules”, achève-t-elle.