Dans plusieurs vidéos devenues virales sur le réseau social Tiktok, une influenceuse basée à Toulouse (Haute-Garonne) filme et publie le harcèlement de rue et une agression qu'elle a subie. Des posts pour alerter et sensibiliser, en rejetant les allusions racistes de certains commentaires, mais en interrogeant sur le comportement des hommes.
"Voilà la vie que je subis au quotidien". C'est par ces mots que la tiktokeuse Emmapeyr conclut une vidéo tournée en soirée rue du Taur puis place du Capitole à Toulouse (Haute-Garonne), et publiée lundi 20 octobre sur Tiktok. Dans une séquence d'1 minute 19, elle filme et décrit le harcèlement d'un individu, et raconte une agression de vive voix, face caméra, subie dans la foulée.
@emmapeyr oh i love being a women
♬ son original - Emma Peyr
"J'ai trop peur qu'il me suive"
"J'ai décidé de filmer tous les mecs lourds" écrit-elle en description. Sur les images, on voit un homme l'approcher puis lui toucher l'épaule. Il parle à peine français et elle lui répond qu'elle n'est pas intéressée à plusieurs reprises. La scène dure une trentaine de secondes.
La tiktokeuse décrit ensuite de vive voix, sans avoir pu la filmer, une seconde agression dont elle aurait été victime quelques secondes après, "10 mètres plus loin". "J'ai commencé à filmer : il a pris mon téléphone et l'a jeté par terre. Il m'a traité de p*te" relate-t-elle, en plus de menaces répétées. "Je lui ai tenu tête, j'ai fait de mon mieux mais c'est une dinguerie ! J'ai trop peur qu'il me suive."
"Il y a toutes les origines, tous les âges"
La vidéo a déjà été vue près d'1,3 millions de fois sur Tiktok. Elle suscite énormément de commentaires en tous genres, certains sur fonds racistes ou de stigmatisation de l'origine des agresseurs, d'autres pour remettre en cause les comportements des hommes en général.
Dans une série de trois autres vidéos, Emmapeyr recadre les allusions racistes visibles dans ces commentaires. "La deuxième personne qui m'a agressé est 100% blanche et française. Il y a plus d'hommes blancs qui me font chier tous les jours que de Noirs ou Arabes (sic)" assure-t-elle. "Il y a de tout, toutes les origines, tous les âges."
@emmapeyr Réponse à @Kinggu ♬ son original - Emma Peyr
Elle condamne surtout les hommes de manière générale, "vous êtes des haineux des femmes, foutez-nous la paix", saluant au passage certains internautes masculins qui s'excusent au nom de tous les hommes. "Les choses changeront grâce à ce genre de réactions."
3/4 des agresseurs sont Français
Sans compter les dizaines de milliers de faits de harcèlements du quotidien non répertoriés, près de 3 400 infractions pour outrage sexiste et sexuel ont été enregistrées par la police et la gendarmerie nationales en 2023 en France, dont 700 délits, selon le site Vie publique. 97% des agresseurs sont des hommes : parmi eux, 74% sont de nationalité française.
Si vous vous sentez suivi.e, si vous ne vous sentez pas en sécurité, si vous êtes harcelé.e, etc., dirigez-vous vers un établissement où cet autocollant est affiché et demandez Angela#demandezAngela pic.twitter.com/fEF3tMTATZ
— EliseD. (@EliseAkkara) October 6, 2023
Depuis 2022, la mairie de Toulouse participe au dispositif “Demandez Angela”, un label qui permet aux établissements volontaires et participants de prévenir le harcèlement de rue en accueillant dans leurs locaux des victimes en train d'être agressées. Plus de 100 lieux sont labellisés à Toulouse.
Mais comme le rapporte un article de Médiacités d'avril 2024, ce dispositif n'est pas toujours optimal. Tous les employés des établissements inscrits ne sont pas formés ou sensibilisés à "Demandez Angela", et le public n'est pas assez informé sur ce dispositif.