41 % des femmes et 15 % des hommes déclarent des comportements sexistes ou des conduites non désirées à caractère sexuel au travail au cours de leur vie professionnelle. C'est pour répondre à ce problème, que le DREETS et les Chambres de commerce et d'industrie d'Occitanie organisent des formations gratuites pour les chefs d'entreprise. Virginie Nègre de la DREETS Occitanie nous explique ce que sont ces violences et quels sont les enjeux.
Les violences sexistes et sexuelles deviennent un enjeu de la société mais également pour les entreprises. Dans le cadre du Plan Régional Santé Travail, les Chambres de Commerce et d'Industrie (CCI) d’Occitanie s'engagent aux côtés de la DREETS Occitanie du 6 février au 4 avril 2024 pour sensibiliser et accompagner les employeurs de la région à ce sujet, à travers 13 matinales de formation. En 2023, 230 préventeurs ont été formés à cette problématique et à sa gestion en milieu professionnel. Explications avec Virginie Nègre Responsable du Service santé sécurité au travail au Pôle travail de la DREETS Occitanie.
France 3 Occitanie : Pourquoi est-il important de prévenir ces violences sexistes et sexuelles aujourd'hui ?
Virginie Nègre : Ces violences sont souvent abordées dans la société, mais peu dans le contexte professionnel. Il est essentiel que les entreprises évaluent ce risque et le prennent en compte au même titre que les autres risques professionnels. Les violences sexistes et sexuelles constituent un risque psychosocial sérieux, touchant principalement les femmes, bien que les hommes puissent aussi en être victimes. Ces comportements, souvent banalisés, ne doivent pas être acceptés dans le cadre du travail.
France 3 Occitanie : Pouvez-vous donner une définition des violences sexistes et sexuelles ?
Virginie Nègre : Il y a trois niveaux. Tout d'abord, les agissements sexistes qui portent atteinte à la dignité de la personne ou créent un environnement intimidant, comme les remarques ou comportements discriminatoires. Ensuite, le harcèlement sexuel, qui inclut des propos ou comportements à connotation sexuelle répétés ou toute forme de pression grave. Enfin, l'agression sexuelle, qui implique contraindre une personne à subir une atteinte sexuelle par la violence, la menace ou la surprise.
France 3 Occitanie : Pouvez-vous nous donner des exemples ?
À titre d'exemple, la blague stéréotypée sur les blondes, ou des remarques générales telles que "Il y a trop de femmes dans cette réunion, elles sont trop bavardes, on perd du temps", ou encore des assignations de tâches basées sur le genre, comme "Va faire des photocopies, ou va faire le café parce que c'est une femme", ou "porte cette charge parce que c'est un homme". Ces comportements constituent des agissements sexistes. Il existe également des formes d'agressions sous le couvert de "bienveillance".
Les actes de harcèlement sexuel sont constitués par des propos ou des comportements à connotation sexuelle et sexiste, souvent répétés, ou par une forme de pression grave.
Le harcèlement environnemental consiste, par exemple, à afficher dans un lieu de travail un calendrier montrant des femmes nues ou à faire des blagues grossières en salle de pause, particulièrement lorsque cela crée un environnement hostile pour une femme isolée parmi des hommes.
Enfin, le niveau le plus grave est celui de l'agression sexuelle, qui implique contraindre une personne à subir une atteinte sexuelle par la violence, la menace ou la surprise. Cela peut inclure le toucher de parties du corps considérées comme sexuelles, ou forcer une collègue à embrasser. Bien que les exemples cités concernent souvent des femmes, il est important de noter que les hommes peuvent également en être victimes. Ces violences sont généralement classées en trois niveaux : l'agissement, le harcèlement sexuel et l'agression sexuelle, pouvant aller jusqu'au viol. Il est crucial de traiter ces comportements de manière appropriée, car ils peuvent avoir des conséquences graves sur les victimes et sont souvent assimilés à des crimes.
France 3 Occitanie : Pourquoi ces violences sont-elles peu abordées dans le milieu professionnel ?
Virginie Nègre : Ces violences sont mises en lumière récemment, mais peu d'entreprises réalisent qu'elles constituent un risque psychosocial pour leurs employés. Certains milieux professionnels exclusivement masculins sont plus propices à ces comportements. Les employeurs ne perçoivent pas toujours ces violences comme un enjeu professionnel à part entière, bien qu'il existe des obligations légales en la matière. De plus, il y a un manque d'outils disponibles pour aborder efficacement ce sujet.
France 3 Occitanie : Quel est le rôle de la hiérarchie dans ces rapports ?
Virginie Nègre : La domination est souvent présente dans ces violences, mais elles ne sont pas exclusivement le fait de la hiérarchie. Les collègues, les clients peuvent aussi être responsables. Il est essentiel de former l'encadrement à réagir et à soutenir les victimes, ainsi qu'à créer un système d'alerte interne pour traiter les cas de violence.
France 3 Occitanie : Quels moyens peuvent être mis en œuvre pour répondre à ces violences ?
Virginie Nègre : Informer et communiquer sur les textes et actions possibles, intégrer ces violences dans le règlement intérieur, former et sensibiliser tout le personnel, notamment l'encadrement et les représentants du personnel, désigner des référents et évaluer le risque à l'aide du document unique d'évaluation des risques professionnels.
France 3 Occitanie : Quels sont les risques encourus par les entreprises si ces violences sont démontrées ?
Virginie Nègre : Les entreprises sont responsables de la santé et de la sécurité de leurs salariés. Elles peuvent être tenues responsables juridiquement, comme dans le cas d'autres risques professionnels.
France 3 Occitanie : Les chefs d'entreprise prennent-ils conscience de ce risque ?
Virginie Nègre : De plus en plus, oui. Les sensibilisations et formations suscitent un intérêt croissant. C'est un sujet qui commence à être pris au sérieux en milieu professionnel.