Vendredi 11 octobre, 75 % des policiers des brigades d'intervention de Toulouse se sont fait arrêter la veille de la mobilisation nationale des Gilets jaunes. Selon leur syndicat, ils sont épuisés et démoralisés.
"Ils ont touché le fond". Voilà ce que répond Philippe Lavenu, secrétaire régional adjoint du syndicat Alliance Police, quand on lui demande pourquoi autant de policiers toulousains sont en arrêt maladie.75% des effectifs en moins
En effet, ce vendredi, veille de mobilisation nationale des Gilets jaunes à Toulouse, 69 policiers sont en arrêt de travail. Tous font partie de deux brigades bien spécifiques : la Compagnie de Sécurisation et d'Intervention et la Compagnie Départementale d'Intervention. Celles-ci s'occupent généralement du maintien de l'ordre et sont mobilisées chaque samedi lors des manifestations des Gilets jaunes.En surmenage et suremployés
Troublante coïncidence... quand on lui demande si ces arrêts maladie sont une forme de protestation, la réponse de Philippe Lavenu est révélatrice :Je ne sais pas si c'est une action concertée, mais ce n'est pas impossible qu'ils aient les mêmes symptômes...
À savoir le ras-le-bol général et une fatigue intense, tant au niveau physique que moral.
Nos collègues sont en surmenage. Ils sont suremployés depuis des mois et des mois.
Les policiers ont pourtant prévenu leur commandement que la coupe était pleine et qu'ils avaient besoin de repos. "Ils se reposeront plus tard", aurait-on répondu. Obtenir un arrêt maladie restait le seul moyen pour eux de souffler. Résultat : 75% du personnel effectif n'est pas opérationnel (69 sur 92). D'après le syndicat Alliance, les absents ont été remplacés par des agents du service général, souvent inexpérimentés quand il s'agit de missions du maintien de l'ordre.
Une véritable contagion ?
Pour la manifestation du samedi 12 octobre, 730 membres des forces de l'ordre étaient mobilisés. Parmi eux, 200 policiers toulousains. Philippe Lavenu explique que ceux-ci doivent être en poste 3h avant et après l'évènement. Une précaution qui pèse aussi sur le moral des agents selon le secrétaire syndical :
Les conditions d'emploi sont à revoir. On ne peut pas faire du "au cas où" tous les samedis...
Pourtant, le mouvement des Gilets jaunes risque de continuer la semaine prochaine. Mais ce sera sûrement sans les policiers déjà malades. Et Philippe Lavenu ne cache pas que la "contagion" pourrait s'étendre à d'autres services si la situation continue.