La France suffoque, accablée par des températures caniculaires et des semaines entières sans pluie. L’Occitanie est l’une des nombreuses zones placées en vigilance rouge face aux risques d’incendies. La région, comme le reste de l'Hexagone, doit faire face au mois le plus sec de 1958.
"Les arbres secs, c’est de l’essence pure, ça s’embrase plus vite qu’un battement de cil" alarme Nicolas Garcia, membre du SDIS et directeur du syndicat des nappes de la plaine du Roussillon. "Dans le cas des conifères, le risque est d’autant plus important que les pommes de pins, par exemple, sont projetées à plusieurs mètres, voire plusieurs dizaines de mètres. Ce sont de véritables grenades incendiaires". La région Occitanie n’est pas épargnée par ces feux qui se multiplient depuis le début du mois de juillet.
En cause, l’engrenage du réchauffement climatique : sécheresse des sols, sécheresse de la végétation, sécheresse de l’air entrainé par la tramontane. Mais pas seulement. "Les forêts ne sont pas entretenues. La filière des métiers de la forêt est totalement délaissée car elle n’est pas rentable, sur le court terme, il n’y a pas de débouché économique, pas de rapport capitaliste à la forêt. Pourtant c’est évidemment un investissement sur l’avenir".
Encourager les formations de débroussaillage
"Il faut développer et encourager les formations de suivi des végétations, de débroussaillage, de suivi de la biodiversité. Nos forêts brûlent parce qu’elles ne sont pas entretenues" ajoute Nicolas Garcia.
Comme lui, Sébastien Lahaye, ancien sapeur-pompier, devenu spécialiste des feux de forêt, cherche des solutions pour endiguer le fléau des incendies dans un futur proche. "Il y a régulièrement des opérations de sensibilisation aux feux de forêt, mais force est de constater que ce n’est pas suffisant. Une grande majorité des incendies est d’origine humaine, et accidentelle. Les gens ont tendance à imaginer que ça existe mais ça arrivera toujours loin de chez eux."
Il y a moins d’une semaine, un vaste incendie ravageait un champ à Saint-Lys en Haute-Garonne, près du chemin de la Moutonne, entraînant l’évacuation en urgence d’une centaine d’habitants. Plus de 50 pompiers ont été mobilisés, plusieurs hectares sont partis en fumée. Un incendie, parmi tant d’autres ce mois-ci, et beaucoup d’autres à venir. "Cette situation était inévitable, personne ne s’en étonne. Et ça n’ira pas en s’arrangeant" pronostique Sébastien Lahaye.
De plus en plus d'incendies "extrêmes"
"A cause des friches et des forêts mal entretenues, il y a de plus en plus d’incendies dits « extrêmes » c’est-à-dire qu’on ne peut pas maîtriser, estime ce dernier. Lorsque qu’un début de feu se déclare, on déploie rapidement les moyens dans cette zone pour le neutraliser avant qu’il ne devienne hors de contrôle. Mais cette année, les « zones à risque » sont trop nombreuses, et trop étendues sur le territoire. Même en doublant les moyens, ça ne serait pas suffisant. Il faut se faire à l’idée qu’il va y avoir de plus en plus de feux extrêmes qui échapperont à la lutte des pompiers".
Pour cet expert, seule la prévention peut aujourd’hui limiter les dégâts.
"Il faut préparer la population à faire face aux risques : informer, sensibiliser. Les gens doivent apprendre à débroussailler autour de chez eux et se protéger contre les incendies. Ce sont des feux qui menacent des milliers d’habitations. Il faut qu’ils sachent quoi faire devant les flammes".
En seulement 10 jours, ce mois-ci, près de 21.000 hectares de végétation sont parties en fumée en Occitanie.