INTERVIEW. Attaque à Paris : "On ne nous donne pas de moyens" déplore les personnels de la psychiatrie

Gérald Darmanin, réclame à ce que les autorités puissent "demander une injonction de soins" pour une personne radicalisée suivie pour troubles psychiatriques afin de prévenir des passages à l'acte comme celui qui a eu lieu à Paris ce samedi 2 décembre. Mais la psychiatrie publique manque de moyens comme le rappelle Loïc Brelier, délégué syndical Sud Santé de l'hôpital Marchant.

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Suite à l'attaque terroriste qui s'est déroulée à Paris ce samedi 2 décembre, le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin, réclame à ce que les autorités puissent "demander une injonction de soins" pour une personne radicalisée suivie pour troubles psychiatriques afin de prévenir des passages à l'acte comme celui de l'assaillant du pont Bir Hakeim. L'attaque s'est soldée par la mort d'un touriste allemand.

Or, la psychiatrie manque cruellement de moyens. Comme c'est le cas à l'hôpital toulousain Marchant (Haute-Garonne) où 16 médecins et 30 infirmiers manquent à l'appel. Ce que dénonce depuis plusieurs mois Loïc Brelier, délégué syndical sud santé sociaux à qui nous avons demandé de réagir. Si l'Etat ne met pas les moyens et nous permet pas de prendre en soin tous les patients, on en arrive à des situations où les médecins partent dans le secteur privé car ils ont une charge de travail trop forte et éthiquement, des conditions de travail qui ne sont plus acceptables.  

France 3 Occitanie : Que pensez-vous de la déclaration de Gérald Darmanin ? 

Loïc Brelier, délégué syndical Sud : En dehors des personnes qui sont radicalisées avec des troubles psychiatriques, on se retrouve déjà avec des personnes qui ont des obligations de soins. Leurs prises en charge incombent aux centres médicaux psychologiques et à l'hôpital public car les cliniques privées ne les prennent pas. L'hôpital public a déjà du mal à pouvoir assurer la prise en charge de personnes qui ont une obligation de soins, à cela s'ajoutent ceux qui souffrent d'addiction, les violences sexuelles, etc....Paradoxalement, on nous dit qu'il faut faire plus, avec des personnes qui ont des troubles psychiatriques, qui sont peut être radicalisés ou passés dans les mains de la justice et après, on ne nous donne pas de moyens. À l'hôpital Marchant, on nous a fermé 15 lits, on a des gens qui attendent des semaines et des semaines avant d'être pris en charge. On se retrouve à devoir prioriser. Si l'Etat ne met pas les moyens et ne nous permet pas de prendre en soin tous les patients, on en arrive à des situations où les médecins partent dans le secteur privé car ils ont une charge de travail trop forte et des conditions de travail qui ne sont plus acceptables sur le plan éthique.  

France 3 Occitanie : On sait qu'en Haute-Garonne la répartition des moyens entre secteurs public et privé est particulièrement déséquilibrée : on compte un lit dans le secteur public pour quatre lits dans le secteur privé . Qu'avez vous pensé de la réponse de la ministre déléguée de la santé Agnès Firmin Le Bodo sur ce point ? 

Loïc Brelier, délégué syndical Sud : La ministre déléguée de la santé Agnès Firmin Le Bodo a répondu que des moyens avaient été mis suite aux assises de la santé mentale et de la psychiatrie en 2022 ( NDRL : 720 000 euros supplémentaires ont été débloqués pour la prise en charge des personnes précaires dans la région). On reçoit une enveloppe de 720 000 euros mais quand on voit les moyens dont dispose le secteur privé, on n'y arrive pas. 

France 3 Occitanie : Quelles sont les conséquences de ce manque de moyens ? 

Loïc Brelier, délégué syndical Sud : On se retrouve avec des praticiens qui sont usés et qui partent. Je travaille dans une unité où passe la population la plus importante en Haute-Garonne. Au mois de septembre, on risque de se retrouver sans médecin. L'un s'en va à la retraite et l'autre est usé. On ne sait pas comment on va prendre en charge les usagers actuels et ceux à venir. On ne peut pas laisser les gens à l'hôpital jusqu'à la fin de leur jour. Si on n'est pas attentif au manque de moyen , on a recréé l'asile. Et ce n'est pas notre objectif.  La mission de l'hôpital public en psychiatrie, c'est de traiter les patients et les aider à se réinsérer dans la société.

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