"J'aime travailler" : portrait d'Allan, jeune autiste et employé dans un supermarché près de Toulouse

Ce samedi 2 avril 2021 est la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme. Beaucoup d'adultes autistes ne travaillent pas malgré des compétences professionnelles remarquables. Exemple d'une insertion réussie avec Allan, un jeune autiste qui travaille à l'espace culturel d'un supermarché près de Toulouse.

Concentré sur sa tâche, Allan est chargé de ranger des livres en rayon. Le jeune homme prend bien soin de placer chaque ouvrage au bon endroit. Deux après-midi par semaine, ce jeune autiste de 16 ans travaille dans l'espace culturel du Leclerc de Blagnac près de Toulouse. Il y est en stage depuis trois mois et visiblement, ce travail lui plaît beaucoup "j'aime travailler" explique t'il.

Malgré des difficultés à s'exprimer, Allan met un point d'honneur à expliquer sa mission.

Je range les livres, les gens achètent les livres, ils payent à la caisse et après ils les ramènent chez eux. C'est très important que les livres soient bien rangés.

Allan Ast

Avant, Allan avait fait un essai au drive de la grande surface. Son employeur, satisfait de son travail, a ainsi décidé de prolonger son stage au rayon livre et DVD. 

Un salarié presque comme les autres 

Attachant et plein de bonne volonté, Allan a réussi à s'attirer la sympathie et la bienveillance de tous ses collègues. Car travailler avec une personne atteinte de troubles autistiques est une expérience très enrichissante.

Corinne Senger, collègue et tutrice d'Allan est intarissable sur les qualités professionnelles et humaines du jeune homme. "Il est toujours de bonne humeur et veut toujours bien faire. Il a très vite appris. Je ne suis jamais loin de lui au cas où il aurait besoin de moi, mais il fait très bien tout seul."

Les lumières et le bruit dans le magasin peuvent parfois gêner Allan mais le jeune autiste fait face et ne se déconcentre pas.

Le combat d'une mère

Il y a quelques années, sa mère Estelle, n'imaginait pas que son fils puisse travailler en milieu ordinaire. Diagnostiqué autiste sévère à l'âge de deux ans, Allan avait de graves troubles du comportement. Mais ça n'a pas empêché sa mère de se battre pour que son fils suive une scolarité normale.

Elle en est persuadée, la prise en charge et les sollicitations permanentes ont permis à son fils de progresser. 

Les spécialistes me disaient qu'Allan n'allait jamais parler, qu'il resterait dans cet état. Maintenant, il travaille, je suis très fière, ça prouve qu'avec un bon suivi, on peut y arriver.

Estelle Ast, maman d'Allan

Sensibilisée par la cause, Estelle Ast, est la fondatrice de WatcHelp, une application qui accompagne les personnes atteintes de troubles cognitifs dans leurs tâches quotidiennes grâce à une montre connectée. Grâce à son invention, elle a remporté le prix 2021 de l'Engagement Sociétal.

95% des autistes au chômage

Mais Allan fait figure d'exception. Rares sont les employeurs à faire travailler des autistes. Selon l'association Autisme France, 400 000 adultes autistes sont en âge de travailler aujourd'hui en France, or leur taux de chômage global est estimé à 95 %. Quasiment à 100 % chez les autistes dits sévères, systématiquement orientés vers des foyers occupationnels.

Parmi ceux qui sont en emploi, beaucoup d’entre eux travaillent en dessous de leurs qualifications ou de leurs compétences réelles.

Ils ont souvent un emploi avec un faible nombre d’heures et sont donc peu rémunérés. Ils ont également une paie plus faible que leurs collègues non autistes à une position équivalente.