"Je le fais uniquement parce que je vends ma moto" : les propriétaires de deux-roues pas motivés pour aller au contrôle technique

Le contrôle technique des deux-roues est obligatoire depuis trois mois en France. Mais les propriétaires ne se sont pas rués dans les centres de contrôle. Et ceux qui le réalisent, le font surtout pour pouvoir vendre leur moto.

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Dans un centre technique de Tournefeuille, près de Toulouse (Haute-Garonne), environ trois contrôles de deux roues sont réalisés chaque semaine. C’est peu comparé aux voitures. Pourtant, la mesure est obligatoire depuis le 15 avril 2024 pour les motos, scooters, voitures sans permis et quads. 

Très contesté par les motards, le contrôle technique est censé renforcer la sécurité de ces véhicules et limiter la pollution.

Les propriétaires de deux-roues ne se précipitent pas dans les centres techniques. Les premiers à y passer, le font surtout au moment de changer la carte grise. Comme Yann, propriétaire d'une Harley Davidson.

Je le fais uniquement parce que je vends ma moto. Le contrôle technique c'est finalement quelque chose qui vient confirmer que la moto est en bonne santé. Car je la fais réviser suffisamment souvent pour me sécuriser.

Yann, propriétaire d'une moto

L'entretien des motos, c'est un des arguments des motards pour contrecarrer le contrôle technique. "On nous bassine avec un contrôle technique visuel pour nos motos alors qu’au fond, le problème n’est pas là si on veut s’attaquer aux causes d’accidents" estime la Fédération Françaises des Motards en Colère.

"Une référence à une étude de la Mutuelle des motards (265.000 sociétaires assurés). Sur la base de 18000 sinistres déclarés entre 2016-2020, celle-ci a estimé à moins de 0,4 % des motos signalées comme dangereuses dans les rapports d’expertise, souvent pour cause de pneus arrivés au témoin d’usure. Par contre, c'est 30% des accidents qui sont causés par l’état de la chaussée", poursuit la FFMC.

Dans le centre technique de Laurent Jollivet, le contrôle est facturé 69 euros. Le prix n'est pas réglementé par l’État. Il est par conséquent fixé librement par les gérants des centres de contrôle. Il a une durée de validité de 3 ans.

Après trois mois de mise en place, le gérant constate que tous les véhicules ne sont pas irréprochables.

Il y a pas mal de problèmes de plaquettes de frein, de kit de chaîne, de pneus usés et montés à l'envers. Et aussi des dimensions de pneus qui ne sont pas respectées. On s'aperçoit qu'il y a des motos qui roulent et qui ne sont pas forcément en état. Moi, je suis à 20% de taux de contre-visites sur ces véhicules contrôlés.

Laurent Jollivet, gérant d'un centre technique

Pas de tensions

Laurent Jollivet se dit agréablement surpris. "J'appréhendais un peu l'agacement des clients motards. Mais en fait, on discute bien. Comme ce sont souvent des passionnés, ils sont curieux de voir comment ça se passe. Je les invite même à venir assister au contrôle."

Pour éviter un engorgement dans les centres techniques, le gouvernement a décidé d'échelonner sa mise en place selon la date de la première immatriculation des véhicules. Laurent Jollivet s'attend donc à voir arriver beaucoup de deux-roues dans les prochains mois. Il a d'ailleurs prévu d'embaucher un contrôleur supplémentaire dès le mois de septembre.

En attendant, la colère des motards ne retombe pas. Après de nombreuses manifestations, la FFMC a même fait un appel au boycott du contrôle technique et mis en place un site permettant de dénoncer les centres ayant l’agrément pour les contrôles de la catégorie L.

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