Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc quitte le parti de LR. Il dénonce la "droitisation" et le "recroquevillement" des Républicains. Une décision qui tombe un mois avant le premier tour de l'élection pour le changement de présidence au sein du parti.
Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc quitte le parti de LR. Il dénonce la "droitisation" et le "recroquevillement" des Républicains. Une décision qui tombe un mois avant le premier tour de l'élection pour le changement de présidence au sein du parti.
Dans un entretien exclusif qu’il a accordé au Figaro, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc a annoncé son départ du parti LR.
Une formation politique "dans une impasse"
"Je pars sans amertume personnelle et je n’ai aucun contentieux avec ceux qui candidatent à la présidence : tous sont des amis", affirme le maire LR de Toulouse. Il ne votera donc pas au premier tour de l’élection pour le changement de présidence du parti.
Le maire de la quatrième ville de France explique que sa décision est "une réflexion ancienne que ce scrutin me donne l’occasion de la concrétiser."
"Je le fais sans polémique", explique-t'-il dans le Figaro, "après avoir été un adhérent fidèle aussi longtemps que cela m’a été possible. J’ai prévenu Annie Genevard et Aurélien Pradié, en sa qualité de leader régional, ce week-end, puis les responsables LR locaux".
Le maire de la ville de Toulouse dont la majorité municipale rassemble Marcheurs et Républicains, estime que sa formation politique "est dans une impasse".
Le parti s’est recroquevillé sur un positionnement très droitier. (…) Cela a poussé beaucoup d’électeurs de centre droit à rejoindre le camp macroniste et cela n’a nullement empêché la dynamique du vote d’extrême droite.
Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse
Malgré son "estime" pour Eric Ciotti, sa "considération" pour Bruno Retailleau et son "affection" pour Aurélien Pradié, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc considère qu’aucun ne fédère suffisamment :
"Tous ont en commun de vouloir que les Républicains restent seuls, sans conclure d’alliance. Je considère que cette stratégie de l’isolement ne mène à rien. Et je remarque que, dans leurs déclarations, les trois candidats ne veulent ancrer le mouvement qu’à droite".
Un centre "abandonné"
Jean-Luc Moudenc déplore par ailleurs que LR s’éloigne des idées du centre :
"Quel que soit le futur président des Républicains, le centre est donc abandonné. C’était pourtant l’ambition de l’UMP, puis des Républicains, de rassembler dans un grand parti l’ensemble des sensibilités de la droite et du centre. En tant que centriste démocrate-chrétien et européen, je ne peux que déplorer cette évolution et l’abandon de toute référence centriste.
Jean-Luc Moudenc explique ne pas vouloir rejoindre le parti Horizons, mais voit en Edouard Philippe un présidentiable, "s'il parvient à recomposer un espace politique rassemblant la droite et le centre, aujourd'hui éclatés", analyse-t'-il.
Un poste de ministre ? Pas à l'ordre du jour
Joint par téléphone, Jean Luc Moudenc évoque son indépendance politique. Quant à une possibilité d'intégrer un ministère dans le futur, il précise : "je ne crois pas que ce soit à l'ordre du jour. Je crois que ce n'est pas dans les intentions du président de la République. Je ne le demande pas non plus. À partir de là c'est une hypothèse qui n'existe pas". Et de poursuivre : "Moi je ne souhaite pas être dans la majorité présidentielle. Que l'on travaille avec la majorité, ça oui, je le souhaite. Et j'aimerais que les Républicains soient plus constructifs qu'ils ne le sont aujourd'hui. Mais pour autant, je souhaite garder ma liberté".
Réaction d'Antoine Maurice
Pour Antoine Maurice, élu d’opposition écologiste à la mairie de Toulouse, Jean-Luc Moudenc reste un homme de droite. "Cette démission ne change pas grand-chose. Jean-Luc Moudenc s’est rapproché d’Emmanuel Macron il y a bien longtemps. Il reste néanmoins profondément un homme de droite. Il mène une politique pour les plus riches. Il reste et restera un homme de droite".
Jean-Luc Moudenc, 62 ans, réélu en 2020 à la mairie de Toulouse, a successivement été membre du CDS, de l'UMP, puis des Républicains.