Ce mercredi 15 février 2023, l’ouvrage "Les gens sont beaux" de Baptiste Beaulieu, écrivain et médecin généraliste à Toulouse et Qin Leng (dessinatrice) a été récompensé du prix Landerneau album jeunesse.
Paru aux éditions Les Arènes le 13 octobre dernier, le livre Les gens sont beaux de Baptiste Beaulieu, écrivain et médecin généraliste dans un cabinet Toulousain, a reçu le prix Landerneau album jeunesse. À l'époque où les filtres photo envahissent les réseaux sociaux et les publicités prônent –encore trop- le corps parfait, Baptiste Beaulieu, lui, casse tous les diktats de la société. Une ode à l'imperfection.
La dysmorphophobie, danger chez les jeunes
C’est d’ailleurs ce qui a plu à Mathias Malzieu, président du jury. "Ce qui m’a vraiment touché dans ce livre, c’est la nuance douce. On parle du rapport à la différence sans être dans une posture victimaire. Un enchantement tendre des choses différentes et humaines."
Entre deux consultations, le médecin généraliste nous explique que tout commence quand sa nièce de 16 ans demande l’autorisation à sa mère d’avoir un compte Instagram. "J’étais très inquiet car je sais que dans l’année qui suit l’inscription, les personnes rencontrent des troubles de dysmorphophobie [Pensée obsédante sur un défaut imaginaire ou une légère imperfection de l'apparence physique, ndlr]. Et je me suis demandé ce qu’elle aurait pu lire avant, pour être armée intellectuellement", confie l’auteur.
Chaque corps a son histoire
Le message que veut faire passer le médecin aux enfants, c’est que "son corps, c’est un vaisseau dans lequel il va vivre le plus longtemps possible, donc il faut s’y sentir bien et être indulgent avec". Et s’il est facile de juger un corps, il est plus difficile de le juger quand on connait son histoire.
"Rien n’est plus extime que l’intime et aucune personne n’a pas un problème avec une partie de son corps", souligne l’auteur. Il aime d'ailleurs à donner l’exemple suivant : "Si on prend une rame de métro, tout le monde essaie de cacher quelque chose. On se cache tout, alors qu’on partage tous la même galère. Alors qu’on devrait plutôt en parler pour se sentir moins seul."
Vivre son histoire différemment
Il se souvient d’ailleurs d’une histoire qu’il a vécue lors d’un stage durant son internat. "Dans mon service, un patient avait une cicatrice au visage et personne n’osait lui demander ce qu’il avait eu. Un jour, je suis rentré dans sa chambre, et je le lui ai demandé. Il était si heureux de me raconter son histoire", se remémore-t-il.
Dans la chambre d’à côté, une dame avait un tatouage des camps de la mort au poignet. Baptiste Beaulieu nous raconte que chaque jour, elle tentait de cacher cet élément de son histoire, dont elle n’était en rien responsable. "On avait là deux patients qui vivaient leurs histoires et leur cicatrice différemment", souligne-t-il.
Semer des graines dans les esprits des plus petits
Le prix Landerneau distingue un album en français destiné à des enfants âgés de 3 à 8 ans. Il offre ainsi une exposition médiatique qui entraîne un plus grand nombre de lecture. Toucher les plus petits, c’est là tout l’enjeu de Baptiste Beaulieu. "Si on sème plusieurs petites graines dans les esprits, peut-être qu’on pourra offrir un monde meilleur à ces gamins, avec moins de souffrance", confie-t-il.
Ce médecin de 37 ans puise son inspiration de ses patients et des corps différents qu’il peut croiser dans son cabinet. En plus du prix Landerneau, Baptiste Beaulieu reçoit chaque jour la meilleure des récompenses : des messages de lecteurs. "J’ai reçu beaucoup de témoignages de parents qui me disent que grâce à ce livre, ils ont pu parler de leur cicatrice à leurs enfants et raconter leur histoire. Et même des enfants qui vivent mieux avec leur cicatrice après la lecture de ce livre. Qu’est-ce que vous voulez que j’espère de mieux ? Je peux mourir tranquille", ponctue-t-il, le sourire aux lèvres.
En plus d'une dotation de 6000€, leur album bénéficiera d’une campagne de promotion dans les 225 espaces culturels Leclerc.