La conductrice qui avait délibérément fauchée des cyclistes en janvier 2021 au nord de Toulouse, tuant un homme de 64 ans, est incarcérée. Son avocate dénonce cette détention. Sa cliente devrait être déclarée pénalement irresponsable mais elle n'a pas obtenu sa demande de remise en liberté.
Huit mois après les faits, la conductrice de la voiture folle de Fronton n'explique toujours pas son geste. Cette femme, âgée de 35 ans est incapable de dire pourquoi le jeudi 21 janvier 2021, elle a foncé délibérément et à plusieurs reprises sur des cyclistes au nord de la Haute-Garonne.
Une course folle qui s'est terminée par un mort, un homme de 64 ans et deux blessés graves.
Incarcérée malgré sa schizophrénie
Quelques heures après le drame, la conductrice avait été admise en soins psychiatriques. Mise en examen pour homicide et tentatives d'homicide, la jeune femme a ensuite été incarcérée au mois de mai 2021 dans l'unité hospitalière de la maison d'arrêt de Seysses en Haute-Garonne.
Sa place n'est pas en prison. En 2017, quand elle avait tenté de mettre le feu à une station-service à Saint-Orens, elle n’avait pas su exprimer son geste. Ma cliente ne nourrit aucun grief contre les cyclistes, ni contre les stations-service. En réalité, elle souffre de schizophrénie.
Son avocate dénonce la situation. "Ce dossier reflète bien la difficulté qu'a la justice à gérer l'abolition totale du discernement" continue d'argumenter la défense.
Deuxième demande de remise en liberté
La jeune femme a fait l'objet de plusieurs expertises psychiatriques qui concluent toute à une abolition totale du discernement. Mais la justice ne l'a pas encore reconnue pénalement irresponsable. En effet, l'instruction de l'affaire n'est pas terminée. La décision pourrait prendre encore plusieurs mois.
En attendant, ma cliente est en prison et ça dessert tout le monde. Je souhaite arrêter cet entêtement à vouloir rester dans un cadre juridique classique alors que cette femme est malade.
C'est pourquoi Maître Morgan Dupoux a déposé une seconde demande de remise en liberté (la première a été rejetée) avec une hospitalisation sous contrainte. Mardi 14 septembre 2021, la Cour d'appel a elle aussi rejeté cette libération. La Cour a préféré la maintenir en détention afin d'éviter "un renouvellement d'infraction".
Une décision pas satisfaisante
Le souhait de Me Dupoux de l'hospitaliser sous contrainte n'apportait aucune "garantie de durée". Une fois soignée, sa cliente pouvait se retrouver libre. "Cette décision n'est pas satisfaisante car ce n'est pas ce que prévoit la loi. Même si je comprends les craintes de la justice" explique-t-elle auprès de France 3 Occitanie.
Pour l'avocate toulousaine, le système est "détourné". "Elle a besoin de soins, elle vient pourtant d'être placée ce mardi matin en détention classique après avoir passé ces dernières semaines en UHSA (unités hospitalières spécialement aménagées). Elle ne s'est pas encore expliquée sur les faits et elle ne le fera pas tant qu'elle restera dans cet état."
"En France, on ne juge pas les fous et on ne les enferme pas", conclut Maître Morgan Dupoux qui attend de nouvelles expertises psychiatriques afin d'établir, à nouveau, l'abolition du discernement de sa cliente et demander une nouvelle fois sa libération.