Le procès devant la cour d'assises de la Haute-Garonne de Jean-Baptise Rambla, jugé pour le meurtre de Cintia Lunimbu en 2017, s'est ouvert lundi. Une journée consacrée à la personnalité de l'accusé. Avec en toile de fond le meurtre de sa soeur en 1974 et l'affaire du "Pull-over rouge".
Durant ce premier jour d'audience du procès de Jean-Baptiste Rambla devant la cour d'assises de la Haute-Garonne pour le meurtre de Cintia Lunimbu en 2017, enquêteurs de personnalité, psychologues et médecins-psychiatres ont défilé à la barre (la plupart en visio-conférence) pour évoquer la personnalité et le parcours de l'accusé.
Aujourd'hui âgé de 53 ans (il est né le 25 septembre 1967), Jean-Baptiste Rambla grandit à Marseille, dans un foyer structuré composé de ses parents, immigrés espagnols, de sa soeur aînée Marie-Dolorès et de ses frère et soeur jumeaux, Noël et Carine. Une enfance ordinaire, jusqu'à ce jour qui va faire basculer sa vie et celle de sa famille. Le 3 juin 1974, Jean-Baptiste et sa soeur Marie-Dolorès jouent devant le domicile familial quand ils sont abordés par un homme qui dit avoir perdu son chien. Il envoie le petit garçon chercher celui-ci tandis que Marie-Dolorès reste à ses côtés. Quand Jean-Baptiste revient, bredouille, sa soeur a disparu, l'homme aussi.
Des recherches sont lancées qui aboutiront le lendemain à la découverte du corps sans vie de la fillette, le crâne fracassé à coups de pierre. On ne le sait pas encore mais l'affaire Ranucci (du nom de l'homme qui sera condamné à mort pour ce crime), ou dite du "Pull-over rouge", qui va diviser la France, vient de commencer.
Le poids de la culpabilité
Et c'est elle qui revient sans cesse dans les dépositions, ce jour, et probablement toute cette semaine de procès. Car Jean-Baptiste Rambla ne s'est semble-t-il jamais remis du meurtre de sa soeur et du déchaînement médiatique qui s'en est suivi. Le "petit Jean" en effet a été un témoin-clé, qui n'a pas reconnu Christian Ranucci sur les photos, et qui traîne depuis la culpabilité du survivant et de celui qui a permis de douter de la culpabilité de Ranucci.
Tous les interlocuteurs qui l'ont rencontré à l'occasion de son premier meurtre (celui de la compagne de son patron, en 2004, à Marseille, qui lui a valu une condamnation à 18 ans de prison par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône), puis pour le second, celui de Cintia, évoque ce drame de l'enfance qui "a changé la donne", selon les propres mots de Jean-Baptiste Rambla. "Il y a une dette à vie", évoque l'enquêtrice de personnalité. "Pourquoi ne m'a-t-il pas enlevé, moi ? J'aurais préféré, plutôt que de vivre tout ce que j'ai vécu", lui confie l'accusé lors d'un de leurs entretiens en prison.
Enfant introverti, "hanté par l'affaire Ranucci", il se construit tant bien que mal, alors que son père multiplie les requêtes contre les partisans de Ranucci. Adolescent, il est en crise et poursuit une scolarité "non investie". Jeune adulte, il travaille mais rencontre plusieurs conflits avec ses employeurs. Il goûte au cannabis et devient un consommateur régulier.
"Des accès de rage"
Ses frères et soeurs et son ex-compagne le décrivent comme quelqu'un de gentil, serviable, bienveillant. Mais aussi colérique. Jean-Baptiste Rambla a d'ailleurs, concernant les deux meurtres, invoqué des accès de rage, décuplés par la consommation de cocaïne dont il est consommateur à ces périodes.
De l'avis des psychologues et psychiatres, il est d'intelligence normale et tout à fait capable de discernement. Aucune pathologie psychotique, ni troubles graves de la personnalité n'ont été détectés. Dans les deux affaires de meurtre qui le concernent, il a tenté de dissimuler ses actes, n'ayant jamais eu, semble-t-il, la moindre intention de se rendre.
A-t-il fait un "transfert" sur Christian Ranucci ? Maître Simon Cohen, avocat des parents de Cintia Lunimbu, pose la question à l'un des experts. "Il comprend peut-être mieux Ranucci puisqu'il fait comme lui ?". Le psychologue en effet s'est posé la question de l'identification à Christian Ranucci : "Cette dimension-là n'apparaissait pas dans nos analyses, c'est une question qui reste en suspens".
Interrogé par le président sur les raisons de l'absence de suivi psychologique dans sa jeunesse, Jean-Baptiste Rambla dit qu'il n'avait pas "conscience du problème". "Le problème, monsieur le Président, c'est que dans la conscience des gens, on dit que Ranucci est innocent et c'est faux. Le problème, c'est qu'on dit que c'est moi qui innocente Ranucci".
S'exprimant d'une voix claire, posée, sans difficulté à dire ce qu'il ressent, il poursuit : "On me dit de passer à autre chose mais c'est facile de dire ça, c'est moi qui vis ça".