L'achat de LBD pour la police municipale fait polémique : "ils sont de plus en plus confrontés à une délinquance dure"

Ce mercredi matin 26 juin 2024, le maire de Toulouse a annoncé que la police municipale serait équipée de 25 LBD, les lanceurs de balles de défense jadis appelés flash-balls. Une décision qui "consterne" la Ligue des Droits de l'Homme.

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Les policiers municipaux toulousains seront donc dotés d'un nouvel équipement : 25 Lanceurs de Balle de Défense. L'annonce a été faite en tout début de conseil municipal mercredi 26 juin 2024 matin par Jean-Luc Moudenc lui-même.

25 LBD pour les policiers municipaux toulousains

En tout début de séance du conseil municipal, le maire de Toulouse a fait cette annonce : les policiers municipaux auront bientôt 25 LBD à leur disposition. Pour Emilion Esnault, adjoint au maire en charge de la sécurité, cette mesure est justifiée. "On a pris la décision d’équiper les policiers municipaux toulousains de LBD, (Lanceur de Balles de Défense). Ils sont de plus en plus confrontés à une délinquance dure, une réalité difficile. Ils sont primo intervenants, c’est-à-dire les premiers sur le terrain, face à la même délinquance de voie publique que la police nationale. Ça permettra, avec une arme intermédiaire, de pouvoir figer une situation, de ramener du calme, dissuader, sans avoir à sortir une arme classique."

Une justification en complet désaccord avec l'Observatoire des Pratiques Policières de Toulouse. Au tout début de l'existence de cet organisme composé de bénévoles observateurs, l'OPP avait demandé dès 2019 de retirer cet équipement de la police nationale. "Je suis consterné que le maire de Toulouse puisse imaginer équiper les policiers municipaux d’armes qui ont prouvé leur dangerosité à maintes reprises, déclare Jean-François Mignard, président de la LDH 31. C’est une fuite en avant. On se demande s’il n’est pas pris par la fièvre sécuritaire du moment. Ces armes ont blessé, éborgné, défiguré. C’est une décision complètement irresponsable. Avec le mouvement des gilets jaunes, Sivens ou maintenant l'A 69, on a constaté que ce sont des armes qui ne sont pas adaptées au maintien de l’ordre. Cette décision va mettre les policiers municipaux dans des situations que je ne leur envie pas." 

L'opposition municipale est sur le même ton.

Des policiers bientôt formés

Selon Emilion Esnault, Toulouse n'est pas la première ville à doter sa police municipale de LBD. "C’est un dispositif que les policiers municipaux peuvent utiliser en France. D’autres villes le font : Marseille, Lyon et de mémoire, Nantes également. C’est un complément que l’on souhaitait, car la délinquance évolue. C’est une arme collective, il n'y aura pas forcément un LBD par agent mais par équipage. On les équipera dans les 6 mois à venir et entre-temps, ils seront formés".

A lire : Nîmes : LBD et pistolets électriques, la police municipale s’équipe face à des individus "de plus en plus violents"

Selon l'élu en charge de la sécurité, ces LBD seraient différents de ceux qui équipent les policiers nationaux. Les balles s'amortiraient et s'écraseraient plus facilement, provoquant moins de blessures.

Un argument que réfute Pascal Gassiot de l'Observatoire des Pratiques Policières. "C’est hallucinant. Le LBD pose un vrai problème. C'est présenté comme arme non létale, donc c'est open bar. Mais même si les balles sont moins dures, elles sont projetées à 330 km/h, ce n'est pas rien! Normalement il doit y avoir un superviseur qui accompagne le tireur. L’usage doit être proportionné. Policiers et gendarmes l'utilisent comme une arme offensive alors que c'est une arme défensive comme son nom l'indique, utilisée en cas d’encerclement, de vie en danger, pour se dégager. Dans les mains de policiers nationaux plus ou moins formés, il y a eu des fractures faciales, des mutilations, des éborgnements. Alors j'imagine dans les mains de policiers municipaux moins formés et dont le métier n’est pas le maintien de l’ordre." Selon la mairie de Toulouse, il en coûtera 66 000€ à la municipalité.

Flash-balls puis LBD

Ce type d'arme est apparu dans les années 70 en Irlande. Ces munitions en caoutchouc ont été massivement utilisées par l’armée britannique face à l'IRA. En France, Nicolas Sarkosy alors Ministre de l'Intérieur en 2002 a décidé d'équiper les policiers de proximité des quartiers sensibles de flash-balls capables de lancer ces balles à grande vitesse. C'était déjà le cas pour la brigade anticriminalité (BAC) depuis 1996.

Dans les faits, le LBD (nom générique) a progressivement remplacé le flash-ball, sans pour autant limiter le nombre d’accidents. À différentes reprises (2013, 2017), le défenseur des droits a demandé l'interdiction d'utiliser ces armes dans les manifestations.

En 2024, la ville de Belfort a permis à ses policiers municipaux de les utiliser. Dans la région Occitanie, c'est aussi le cas pour la ville de Nîmes.

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