D'ici juin 2024, la majorité du conseil de Toulouse Métropole a pour objectif d'instaurer la tarification saisonnière de l'eau. Un nouveau fonctionnement plus coûteux pour les ménages l'été, mais moins l'hiver. L'idée est de s'adapter aux ressources en eau selon les saisons, et de pénaliser financièrement les trop gros consommateurs pendant la période estivale. Mais cette annonce ne plaît pas à l'opposition.
La phrase a été lâchée par le maire de Toulouse - et président de la Métropole - Jean-Luc Moudenc jeudi 30 novembre. Dans le cadre de la Cop Occitanie, l'édile a ainsi annoncé modifier la tarification de l'eau. "L'idée serait qu'en été, le tarif soit plus élevé. Quand la ressource en eau est meilleure et plus abondante, on la mettrait à un tarif plus bas", lance-t-il à France Bleu Occitanie.
🌍 À la première COP Occitanie, Jean-Luc Moudenc annonce vouloir mettre en place une tarification saisonnière de l'eau ⬇️ @jlmoudenc @Toulouse #environnement #climat #COPOccitaniehttps://t.co/iXkWKLfvTJ
— France Bleu Occitanie (@bleuoccitanie) November 30, 2023
+40% l'été, -30% l'hiver
Cette mesure a un nom : la tarification saisonnière, en lien avec le Plan eau amorcé par le président de la République en mars dernier. Ce nouveau système de tarification est en concertation depuis deux mois entre les élus de la Métropole. "Elle serait de 40% plus chère lors de la période d'étiage entre juin et octobre, et 30% moins chère les sept mois suivants, de novembre à mai", complète Robert Medina, du groupe des Indépendants et vice-président de la Métropole en charge de l'eau. Il développe cette ambition en détail.
À Toulouse, on prélève l’eau dans la Garonne et l'Ariège. Nous manquons d’eau en période d’étiage pendant cinq mois. Notre idée est d'augmenter le tarif l’été de façon conséquente, pour pénaliser les gens qui en utilisent plus, notamment les propriétaires de piscines. Et ensuite de baisser le prix pendant sept mois.
Robert Medina, vice-président de la Métropole en charge de l'eauà France 3 Occitanie
La tarification saisonnière n'aurait aucun impact sur la facture des ménages, promet l'élu. "L'augmentation de l'été sera compensée par la baisse de l'hiver. C'est la meilleure solution", répète-t-il. Cette mesure incite donc à "faire un effort" dès l'été pour réduire sa facture. Elle est d'ailleurs encouragée par la Conseil économique social et environnemental (CESE) lors de sa dernière assemblée mercredi 29 novembre.
Les sécheresses successives des deux dernières années ont poussé la Métropole à imaginer de nouveaux plans pour la gestion de l'eau. Cette mesure en fait partie. "Le changement climatique nous impose de prendre des décisions", soutient Robert Medina.
"L’eau ne peut pas être considérée comme une marchandise"
L'opposition à la Métropole regrette la forme de cette annonce inattendue de Jean-Luc Moudenc. "C'est fait à la hâte, pour faire le buzz", tance Antoine Maurice, du groupe Métropole, Écologiste, Solidaire et Citoyenne. Il rappelle que Toulouse "n'est plus la ville où l'eau est la moins chère de France" et penche lui vers "une tarification sociale et progressive" comme c'est le cas à Montpellier (Hérault). "Notre idée est que les premiers mètres cubes soient gratuits. Et que ça soit plus cher pour les gros consommateurs d'eau", même s'il ne "dit pas oui, ni non" pour l'instant à cette tarification saisonnière.
Plan eau : voulue par Emmanuel Macron, la "tarification progressive" déjà en vigueur dans l'agglomération de… https://t.co/3pngpkMLlR pic.twitter.com/5njLH2ViKH
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Un autre élu de la Métropole préconise une gestion progressive. "L’eau ne peut pas être considérée comme une marchandise, elle ne peut pas être régulée par le marché", pense Jamal El Arch, élu du Groupe Alternative pour une Métropole Citoyenne. Il estime également que "son prix à payer devrait être différencié en fonction des utilisations : boire ce n’est pas délaver un jean par une entreprise de textile qui en tirera profit."
La majorité de la Métropole, elle, désavoue cette option. "Si on optait pour la tarification progressive, les collectifs (appartements au sein d'un bâtiment) seraient pénalisés car les dépenses seraient élevées", assure Robert Medina. Une mesure "anti-sociale, illogique" selon lui, sachant que la métropole toulousaine est composée de 69% de collectifs.
Tests début 2024, mise en place espérée en juin
Pour appliquer au mieux cette tarification, la Métropole s'appuie depuis deux ans sur les compteurs télé-connectés des ménages, permettant "de suivre les dépenses d’eau toute l’année" via une application. Un indice prépondérant afin de comprendre les types de consommations de chacun.
La Métropole compte aller vite pour mettre en place la tarification saisonnière. Elle sera expliquée au Conseil de Métropole dès le 7 décembre. Et sera ensuite "affinée, pour ne faire aucune erreur", avance Robert Medina. Des pourparlers sont en cours avec Suez et Véolia pour aboutir à cette tarification. "Cela va se faire de manière assez facile, et s'appliquer le plus vite possible", assure-t-il.
Des tests sur des consommateurs auront lieu début d'année prochaine, avant une mise en place envisagée lors de la période d'étiage de juin 2024. La facture d'eau des Toulousains pourrait donc grimper, avant de diminuer en fin d'année.