Appuyé par les syndicats, le personnel soignant de deux services du CHU de Toulouse tirent la sonnette d'alarme. Une grève illimitée a été lancée aux soins intensifs de cardiologie. Et, aux urgences psy, la CGT s'inquiète après la tentative de suicide d'un patient.
Un rassemblement a lieu à midi, ce 15 janvier 2025, dans le hall de l'hôpital de Rangueil du CHU de Toulouse. Le personnel soignant de l'unité de soins intensifs de cardiologie entend ainsi mettre en lumière un mouvement de grève illimitée entamé depuis le 6 janvier dernier. "La nouvelle direction du CHU de Toulouse est en mission : supprimer ce qu’elle considère comme inutile !", s'exclame Victor Alava de Sud Santé Sociaux. Au cœur de la contestation : la suppression des postes d'accueil des patients et de leur famille.
"L'accueil, un des fondements du soin"
Au CHU de Toulouse, l’accueil et l’orientation des patients sont des missions assurées à la fois à l’entrée de l’hôpital et au sein des unités de soins. Mais ces postes seraient en passe d'être supprimés, notamment aux soins intensifs de cardiologie, selon le syndicat Sud Santé Sociaux.
"Cette décision est totalement contre-productive, dogmatique et hors-sol, selon Victor Alava. En effet, sans agent d’accueil, c’est l’équipe soignante qui va en pâtir, passer du temps à faire ce travail. Un temps que les infirmières et aides-soignantes ne passeront plus auprès des patients." Et le syndicaliste de détailler les missions d'un agent d'accueil : l'accueil physique des patients et des familles, la constitution, la gestion des dossiers des patients, la gestion des appels téléphoniques, la gestion des places disponibles et des transferts de patients… Des missions qui ne sont pas anodines.
L'accueil des patients est un des fondements du soin. Et l'hôpital n'est pas une usine.
Victor Alava de Sud Santé Sociaux au CHU de Toulouse
La direction du CHU de Toulouse réfute l'idée d'une suppression systématique de ces postes d'accueil. En ce qui concerne l'unité de soins intensifs de cardiologie, elle évoque "un projet de nouvelle répartition des missions est en cours, en anticipation du prochain départ en retraite de l’agent qui occupe ce poste." Il est question d'ajustements dans l'organisation et aucunement d'une remise en question de l'importance des missions d'accueil.
"En psychiatrie, les soignants n'ont d'autres choix que la fuite"
Autre secteur en souffrance : la psychiatrie. Après deux agressions sexuelles et un suicide aux urgences psychiatriques du CHU de Toulouse en début d'année 2024, une enquête avait été ouverte à la demande du ministre de la Santé. Et un pacte de refondation de la psychiatrie en Haute-Garonne a été signé en ce mois de janvier 2025. Mais pour la CGT, "le compte n'y est pas".
"Entre les objectifs affichés dans le document et la réalité du terrain vécue par les patients et les soignants, il y a un gouffre. La dernière illustration de ce triste constat date de ce dimanche 5 janvier 2025 où un patient a tenté de se suicider à la consultation de psychiatrie", dénonce le syndicat.
Ce dernier incident s'est produit en début de soirée. "Un patient a été accueilli aux urgences adultes de Purpan où il a été immédiatement pris en charge par un infirmier d’accueil et d’orientation. Le patient a ensuite été conduit vers les urgences psychiatriques, précise le CHU de Toulouse. Quelques minutes après son arrivée dans l’unité, l’équipe a constaté sa disparition et a aussitôt engagé des recherches. Le patient a été retrouvé en arrêt cardio-respiratoire cinq minutes plus tard, après une tentative de suicide." Ce patient est toujours hospitalisé en unité de réanimation.
Les mesures prises après ces drames et incidents à répétition par la direction du CHU et l'ARS ne seraient pas à la hauteur, selon la CGT. "Suppression de la prime Buzyn, déménagement précipité pour travaux qui poserait des problèmes graves de sécurité..." Le syndicat évoque des "mesures arbitraires et injustes qui s’ajoutent aux traumatismes déjà vécus par les soignants qui n’ont d’autre choix que la fuite." Douze personnels infirmiers en psychiatrie seraient aujourd'hui sur le départ, selon le syndicat qui appelle au renforcement des équipes de psychiatrie du CHU.
De son côté, le CHU de Toulouse dit avoir effectué 1500 recrutements en 2024 et avoir créé plus de 500 postes depuis 2019 dans ses différents services et unités de soins.