"L'impression d'être des appâts pour les requins" : la colère des agriculteurs toujours aussi vive avant une mobilisation nouvelle d'ampleur

Des centaines d'agriculteurs français et espagnols se réunissent à la frontière entre les deux pays lundi 3 juin pour de nouveau se faire entendre. À six jours des élections européennes, ils veulent mettre la pression sur les partis politiques pour que les engagements pris à leur égard soient respectés. Illustration avec le témoignage de Jérôme Bayle, éleveur et figure de la mobilisation agricole début 2024 en Occitanie.

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Quatre mois pile après le début des nombreuses manifestations des agriculteurs partout en France, des centaines de producteurs de la région Occitanie se remobilisent lundi 3 juin à quelques jours des élections européennes. Avec leurs homologues espagnols, plusieurs convois du Pays basque jusqu'à la Catalogne convergeront vers la frontière. 

Quelles sont les raisons de ces mobilisations ? Que réclament les agriculteurs ? On a posé la question à Jérôme Bayle, éleveur de bovins et figure locale des mobilisations agricoles sur le barrage de Carbonne (Haute-Garonne) début 2024. 

"Il ne faut pas juste se servir de nous"

Quelles sont les raisons qui vous poussent à vous mobiliser de nouveau ?

Jérôme Bayle : "la raison est simple. On s'est aperçu que les hommes politiques parlent lors des débats ou des meetings en disant que l'agriculture est importante, qu'elle est au-dessus de tout au niveau européen. Aujourd'hui, on a jamais été habitué à nous mettre en avant comme ça. On a l'impression d'être les appâts pour les requins. On ne veut pas ça. 

On va leur mettre la pression, on va leur montrer qu'il ne faut pas juste se servir de nous. On veut que les prochains députés européens tiennent vraiment leur engagement, qu'ils ne nous donnent plus d'espoir pour rien. La situation est trop fragile."

Aujourd'hui, dans quel contexte a lieu cette manifestation pour les agriculteurs ? 

Jérôme Bayle : "Elle se déroule dans une mauvaise période pour le monde agricole. Mais les agriculteurs se sentent concernés : c'est une mobilisation historique car c'est la première fois que deux pays vont s'entendre et s'allier pour la même cause. 

Qui nous empêche de faire un grand coup sur une journée, et si on n’a pas d'avancées, de faire un grand coup européen en bloquant tous les pays européens ? On ne crèvera pas la gueule ouverte, on veut se battre."

Tarif de l'énergie et clauses miroirs

Concrètement, comment va se dérouler cette journée de mobilisation ? 

Jérôme Bayle : "on va monter en convoi à la frontière franco-espagnole. Dans la journée, on ne sait pas comment ça va se passer. Mais je ne veux mettre la vie de personne en danger. Notre but serait de faire un barrage filtrant mais de ne pas bloquer.

On verra avec la gendarmerie comment l'organiser mais on ne veut pas le moindre problème. On a déjà assez souffert avec le drame de l'Ariège" (NDLR : une agricultrice et sa fille sont décédées le 23 janvier après avoir été fauchés par une voiture sur un barrage). 

À six jours des élections européennes, quelles sont vos revendications ? 

Jérôme Bayle : "on parle plutôt de propositions que de revendications. On m'explique que 60-70% des réglementations agricoles se font à Bruxelles. On veut donc mettre la pression à ce niveau-là. 

Il faut que toute l'énergie au niveau européen soit au même tarif, au moins pour le monde agricole. C'est le dénominateur commun de l'agriculture européenne, il faut taper un grand coup là-dessus. Mais on ne l'entend pas dans les meetings des politiques. 

La deuxième proposition, c'est le respect des clauses miroirs (NDLR : imposer les mêmes normes environnementales aux autres pays que celles exigées en France et en Europe) pour que tous les agriculteurs puissent se battre sur le même pied d'égalité. 

Si on nous parle d'Europe, avec des lois, des contraintes, il faut que ça soit appliqué partout."

Les agriculteurs haut-garonnais se donnent rendez-vous au rond-point du Bazert à Seilhan tout près de Montréjeau vers 8h30. Ils rejoindront leurs homologues à la mi-journée. 

Quels blocages en Occitanie ? 

L'A9 va être ralentie vers Narbonne et Perpignan (Pyrénées-Orientales) avec des sorties obligatoires à certains endroits. Même chose pour l'A66 au niveau de Pamiers (Ariège) direction l'Espagne. Des perturbations sont aussi attendues sur la N125 au sud de la Haute-Garonne, et la D173 direction l'Espagne. 

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