"La dégradation de ma santé mentale ne me permet plus d'assurer ces fonctions" : épuisée et désabusée, une jeune maire jette l'éponge à mi-mandat

Elle avait repris cette mairie longtemps à gauche aux Républicains en 2020. Camille Pouponneau, 35 ans, vient de démissionner au cours de son mandat de maire de Pibrac (Haute-Garonne). Ses mots sont forts et interpellent. "Aujourd'hui, la dégradation de ma santé mentale, entraînant une dégradation progressive de ma santé physique, ne me permet plus d'assurer ces fonctions."

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Elle avait pris la mairie de Pibrac (Haute-Garonne) avec la fougue et la volonté de sa jeunesse. En 2020, elle a à peine 30 ans. 4 ans plus tard, en cours de mandat, elle démissionne pour se protéger. "Je suis arrivée au bout de ce que je pouvais endurer".

La démission d'une jeune maire

Un peu moins de 9 000 habitants, Pibrac est plutôt une ville tranquille de la première couronne toulousaine.

Tranquille ? Pas tant que ça. En tout cas pas suffisamment pour permettre à une jeune maire d'exercer son mandat avec un minimum de sérénité. Dans un message exprimé sur les réseaux sociaux, la jeune maire PS de 35 ans démissionne de son mandat et elle explique pourquoi. 

"Aujourd'hui, la dégradation de ma santé mentale, entraînant une dégradation progressive de ma santé physique, ne me permet plus d'assurer ces fonctions avec le recul et l'énergie nécessaires. Je suis arrivée au bout de ce que je pouvais endurer. Après 10 ans à me consacrer à des mandats électifs au service des autres et du bien commun, je me dois de prendre soin de moi."

Engagée à gauche au PS, proche de la maire de Colomiers Karine Traval-Michelet, elle se lance en 2020 à la reconquête de la mairie de Pibrac. Longtemps à gauche, elle avait été ravie par un maire LR Bruno Costes. À 31 ans, elle deviendra l'une des plus jeunes maires de la région toulousaine. 

Le désarroi d'une politique

"J'ai essayé d’exercer mes fonctions d’élue avec le plus de sincérité, d'humilité et de volontarisme possible, malgré un sentiment d’injustice et d’impuissance constant. J'ai pris ma part. Malheureusement, je me sens aujourd’hui simple gestionnaire, sans aucune marge de manœuvre, noyée sous le poids de règles étatiques rigides et de décisions intercommunales sur lesquelles il est difficile de peser, perdant tout le sens de mon engagement."

Pourtant, la politique l'a toujours intéressée. Diplômée de Sciences Po Toulouse et d’un MASTER "Conseil, Expertise et Action Publique", elle fait son stage de fin d'études auprès de Carole Delga. Elle s'engage très tôt en politique alors qu'elle n'a que 23 ans. Camille Pouponneau est élue conseillère départementale en 2015. Elle est aussi très active dans plusieurs associations caritatives. Ce volontarisme, cet engagement pour changer les choses s'est poursuivi à la mairie de Pibrac. Mais aujourd'hui, il n'est plus suffisant.

"Vous le savez, mon prédécesseur et moi avions d’indéniables désaccords sur les valeurs, mais je dois reconnaître avoir été bloquée, comme lui, face à tant de situations réglementaires ubuesques qui nous limitent dans notre action. À cela s’ajoute la déresponsabilisation progressive des citoyens plutôt prompts à la judiciarisation. Il y a quelques jours, j’ai encore été menacée de poursuites judiciaires sur des propos diffamatoires, des menaces et des injures que j’aurais proférés. Vous me connaissez… Soyons sérieux."

Elle démissionne donc, sans être allée au bout de son mandat mais après 10 ans d'action politique. Les mots avec lesquels elle exprime son désarroi et son impuissance sont très forts et doivent interpeller. Ils posent aussi la question de la rémunération des "petits élus". "À l’heure de quitter mes fonctions, je mesure l’erreur de n’avoir pas assumé une indemnité décente pour mon mandat de Maire (qui s’élève aujourd’hui à 1.127€) et d’avoir assuré deux fonctions : celle de Maire et celle de Directeur de cabinet. Au final, j’ai consacré à ces fonctions au minimum 70h par semaine rémunérées donc à peine 80% du SMIC."

Sportive passionnée de trail et de football, elle quitte la partie pour se protéger tout en restant dans une fragilité. "De mon côté, je vais préparer ma reconversion, ayant arrêté toute activité professionnelle pour me consacrer à mes mandats. Ne pouvant prétendre à aucune allocation chômage et n’étant pas éligible au fond spécial consacré aux élus, je vais donc m’inscrire pour percevoir le RSA, perception qui sera effective dans trois mois. Je serai donc sans revenu pendant cette période. Au-delà du fait qu’il est difficile de ne pas être amère face à cette situation, je tenais à vous livrer ce fait afin que chacun prenne conscience que le profil d’une personne au RSA n’est peut-être pas un.e feignant.e profiteur."

Les mots sont forts. Elle les exprimera sans doute verbalement tout à l'heure lors de son dernier conseil municipal en tant que maire ce vendredi 18 octobre à 10h30. Visiblement, sa succession sera assurée par un(e) autre élu(e) de la majorité. Il y a quelques jours, c'est un autre maire PS, Dominique Fouchier, qui quittait également son mandat de maire de Tournefeuille (31).

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