Latifa Ibn Ziaten est devenue une icône de l'islam modéré depuis qu'elle cherche à détourner les jeunes des cités des sirènes islamistes après avoir perdu un de ses cinq enfants, première victime de Mohammed Merah en 2012. Elle défilera dimanche à Paris contre le terrorisme.

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La mère de Imad  Ibn Ziaten, première victime de Mohamed Merah, manifeste dimanche à Paris
Invitée dans les collèges et les lycées partout en France, et même à l'étranger, pour parler de sa douloureuse histoire et de sa vision d'un islam de paix et de tolérance, cette Française née il y a 55 ans au Maroc et habitant Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime) était à Saint-Etienne (Loire) quand les nouvelles sur l'attentat de Charlie Hebdo lui sont parvenues.

Le carnage des frères Kouachi au siège de l'hebdomadaire satirique puis les meurtres d'Amély Coulibaly à Montrouge et dans un magasin casher de la porte de Vincennes ont ravivé chez elle des douleurs qui ne disparaîtront jamais.
"J'ai perdu une partie de moi-même" dit-elle à l'AFP, en référence à ce 11 mars 2012 funeste quand Mohammed Merah abat froidement son deuxième
fils Imad qui lui a fixé rendez-vous pour lui vendre sa moto, à Toulouse.
Imad, 30 ans, adjudant dans un régiment parachutiste et achevant des études pour passer officier, avait mentionné sur son annonce qu'il était militaire, devenant ainsi une cible de Merah dont il sera la première de ses sept victimes, avec deux autres militaires, trois enfants et un enseignant d'une
école juive de Toulouse.
"Il l'a tué parce qu'il était militaire. Il lui a demandé de se mettre à plat ventre mais mon fils est resté debout. Il était entré dans l'armée pour servir la République", raconte Latifa, fièrement mais la gorge nouée. Imad en arabe signifie pilier de la justice, précise-t-elle.

"La France, que l'on doit protéger"

Après les attentats parisiens qui ont fait 17 victimes, c'est une nouvelle fois le spectre de Merah qui, pour elle, ressurgit. "Après avoir frappé l'armée, la police et l'école, on frappe maintenant la presse, c'est quelque chose de très grave", dit-elle.
"Un seul homme (Merah) a fait des dégâts horribles, a laissé des séquelles inguérissables et ce qu'on voit aujourd'hui, c'est encore pire", soupire-t-elle.
"Si on ne fait rien pour ces jeunes qui sont perdus, qui sont livrés à eux-mêmes, qui ont besoin d'aide, les autres vont les récupérer et les tourner en bourreaux", avertit cette femme qui a entrepris d'agir sous l'égide d'"Imad, association pour la jeunesse et la paix".

"Je souhaitais que mon fils ne soit pas oublié mais je ne savais pas quoi faire. Je suis allée voir où Merah habitait et quand j'ai rencontré des jeunes des cités qui me disaient qu'il était un héros et un martyr de l'islam, je me suis dit que c'était avec eux qu'il faut travailler. Et j'ai fondé mon association",
raconte-t-elle.

Saluée pour son courage, cette ancienne cuisinière de la fonction publique territoriale de Rouen, arrivée en France à l'âge 17 ans sans connaître le Français, est devenue une voix écoutée internationalement. Elle porte désormais un foulard, marquant le deuil de la mort de son fils.

"Elle a voulu mener un combat contre l'ignorance, et ça commence par les jeunes", note Oucine Jamouli, restaurateur à Nice, son conseiller et le représentant de l'association Imad dans cette ville.
Latifa devait se rendre en fin de semaine au Maroc à un tournoi sportif pour enfants handicapés dans la commune où son fils est enterré, à côté de Tétouan (nord). Mais elle a tranché: "Je me devais d'être en France, c'est le pays où je vis et que l'on doit protéger".
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