C'était un engagement de campagne de Jean-Luc Moudenc. Le maire de Toulouse a signé ce lundi un arrêté interdisant la prostitution dans certains quartiers de la ville. Le syndicat du travail sexuel (STRASS) appelle à une manifestation vendredi place du Capitole.
Jean-Luc Moudenc, maire UMP de Toulouse, a signé ce lundi l'arrêté municipal d'interdiction de la prostitution dans certains quartiers du nord de la ville. Elu en mars dernier, le nouveau maire de Toulouse et son adjoint à la sécurité Olivier Arsac avaient confirmé dès le mois de mai qu'un tel arrêté serait signé avant l'été. L'arrêté entre en vigueur ce lundi 7 juillet pour 12 mois.
"Un nouveau rapport de force" selon Jean-Luc Moudenc
Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, qui a signé cet arrêté devant la presse, veut établir "un nouveau rapport de force" sur ce sujet pour lutter "contre les abus, les nuisances liés à la prostitution" qui selon lui gênent "le vivre-ensemble" et "la tranquillité publique". Il ne s'agit pas, a-t-il ajouté, "de combattre la prostitution" mais de gérer l'espace public.Verbalisation et sanction
L'arrêté municipal prévoit d'interdire la prostitution notamment dans une partie des quartiers Matabiau et des Minimes. La police pourra donc dans ces secteurs verbaliser les prostituées qui ne respecteront pas l'arrêté.La mairie de Toulouse a déterminé cinq "zonages", établis "selon des éléments tangibles" selon Olivier Arsac (plaintes, appels, rencontres avec les associations de quartiers) :
- Matabiau : autour de la place Roquelaine et la rue Matabiau
- Pont-Jumeaux : autour du boulevard de Suisse
- Minimes : autour de l'avenue des Minimes
- Sept Deniers : autour de la bretelle de sortie de la rocade aux Sept Deniers
- Raisin : deux rues autour de la résidence du Raisin.
DOCUMENT : le texte intégral de l'arrêté avec les cartes des zones concernées
Répondre aux demandes des riverains
L'arrêté municipal répond aux demandes pressantes et répétées des riverains de certains quartiers. Boulevard de Suisse par exemple, les habitants se plaignent depuis longtemps de la présence de nombreuses prostituées et des problèmes que cela engendre : bruit, hygiène, sécurité...Une équipe de France 3 Midi-Pyrénées avait réalisé ce reportage dans ce quartier en octobre 2012 :
"Ça n'arrête pas la prostitution, ça la déplace"
Pour les associations qui travaillent aux côtés des prostituées, comme Grisélidis à Toulouse qui lutte notamment contre la propagation du sida dans cette population, ce type d'arrêté ne sert à rien d'autre qu'à répondre de manière "électoraliste" aux demandes des riverains. Mais surtout, le problème risque de se déplacer dans d'autres quartiers, non-soumis à l'arrêté. "Dans toutes les villes où des arrêtés ont été pris, explique Kristel Ododet, animatrice prévention chez Grisélidis, ça n'arrête pas la prostitution, ça la déplace. Les prostituées sont poussées en périphérie et elles sont plus exposées à la violence, à la précarité. En outre, cela rend leur suivi plus difficile et complique les actions de prévention contre le sida notamment".
Pour Grisélidis, les arrêtés répressifs ne sont pas la solution à la prostitution : l'association prône le dialogue entre prostituées, riverains, bailleurs sociaux et municipalité et la mise en place d'action de médiation.
EN VIDEO / le reportage de Sandrine Morch et Jack Levé
Mais pour Olivier Arsac, adjoint au maire à la sécurité, "s'il y a un effet splash (NDLR : d'éparpillement de la prostitution) ce sera une première victoire (...) le but étant de faire baisser la tension dans certains quartiers et d'avoir une prostitution apaisée".
Une manifestation vendredi au Capitole
La signature de cet arrêté municipal fait aussi réagir le Syndicat du Travail Sexuel (STRASS) qui appelle à une manifestation vendredi 11 juillet à 18 heures place du Capitole. Plusieurs associations et syndicat envisagent également une procédure pour faire annuler cet arrêté devant le tribunal administratif.