Laurent Pelly recoiffe la Cantatrice Chauve au Théâtre National de Toulouse

Le codirecteur du TNT monte la pièce de Ionesco en multipliant les clins d'oeil à ce théâtre de l'absurde. 

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"Le théâtre de l'absurde est toujours contemporain" : en montant La Cantatrice chauve au Théâtre national de Toulouse qu'il codirige, Laurent Pelly donne un souffle nouveau à une des pièces les plus jouées au monde.

Le petit intérieur bourgeois anglais, sur lequel s'ouvre normalement La Cantatrice chauve d'Eugène Ionesco, a cédé la place à un vaste plateau s'enfonçant sur plus de 20 mètres.
Des grappes de fauteuils jaunes trônent sur un tapis écossais aux motifs de tartan tout aussi criards. Dans cet espace vide, M. et Mme Smith sautent d'un sofa à l'autre, sans aucune raison apparente.

"J'ai voulu faire exploser l'espace pour le rendre absurde", explique Laurent Pelly, qui, outre la mise en scène, signe aussi les décors et les costumes. Au Théâtre de la Huchette, à Paris, où la pièce est jouée depuis 57 ans - un record du monde -, la scène tient dans un mouchoir de poche. Au TNT, la taille du plateau a permis d'en repousser les limites. Dans cet espace immense, les acteurs "sont comme des souris dans une boîte", résume Laurent Pelly. En fond de scène, une lourde porte, solidement défendue par une alarme omniprésente, s'ouvre sur un gigantesque mur de sacs poubelle, duquel un immense rat a réussi à s'échapper pour pénétrer chez les Smith.

Le monde extérieur est aussi inquiétant que mystérieux. L'appartement du couple anglais offre confort et sécurité. C'est notamment par ce biais que Laurent Pelly a voulu "renvoyer la pièce à aujourd'hui".
"La Cantatrice ne raconte pas une histoire mais en contient 1.000. Tout dépend du fil que vous tirez", explique le codirecteur du TNT, qui monte sa quatrième pièce d'Ionesco.

Ionesco me touche beaucoup et me fait rire. C'est à la fois très triste et très drôle. C'est une sorte de Jacques Tati, mais en hard, en beaucoup plus noir. Il y a une part d'enfance énorme dans La Cantatrice mais, en même temps, une espèce de lucidité extrêmement mature. Tati, lui, reste plus léger".


Créée en mai 1950 à Paris, La Cantatrice garde cette "force burlesque ahurissante", explique Laurent Pelly: la pendule à l'esprit de contradiction qui sonne des heures extravagantes ; les tirades invraisemblables, comme "Le progrès social est bien meilleur avec du sucre" ; ou encore la danse improbable entre un pompier aux allures de Chippendale et la bonne Mary, une hilarante Alexandra Castellon.

Le théâtre de l'absurde, dont La Cantatrice a été une force fondatrice, est "toujours contemporain". "Les jeunes adorent. Ionesco bouscule l'ordre établi, le monde des adultes. Cela reste troublant, subversif. Ca reste un Ovni", assure Laurent Pelly qui, à 54 ans, a déjà 38 ans de mise en scène derrière lui.

La Cantatrice chauve, du 3 au 26 mars au Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées (TNT).
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