Le 28 janvier 2015 un décor de 212 kg avait manqué d’écraser le ténor américain Robert Dean Smith sur la scène du théâtre du Capitole lors de la représentation de l'opéra, Tristan et Isolde. Six ans après les faits la justice renvoie un machiniste devant le tribunal correctionnel.
Depuis le début de cette affaire, le machiniste Nicolas S, clame son innocence et ses avocats, Mes Emmanuelle Franck et Alexandre Martin, avaient même demandé un non lieu en 2019. Mais aujourd’hui selon le journal Le Parisien, une juge d’instruction toulousaine a décidé de renvoyer ce technicien du théâtre du Capitole devant le tribunal correctionnel. Poursuivi à l’origine pour violences volontaires, Nicolas S, devra finalement répondre "d’entrave au fonctionnement d’un système automatisé de données"et de "modification frauduleuse de données ».
Les faits se sont déroulés le 28 janvier 2015, lors de la première représentation du célèbre opéra, Tristan et Isolde de Richard Wagner, au théâtre du Capitole à Toulouse.
Le ténor sauvé de justesse
Au dernier acte alors que Tristan est étendu sur le sol, un rocher de 212 kg symbolisant sa pierre tombale s’abaisse sur lui. L’énorme bloc suspendu par des câbles ne s’arrête pas comme prévu à 60 cm du ténor américain. Robert Dean Smith roule alors sur le côté pour éviter le décor en carton-pâte. Le public en sera amusé mais derrière le rideau, ce n’est pas du tout la même ambiance qui se joue.
Dans cette affaire, le chanteur ne s’est pas constitué partie civile mais selon une enquête réalisée en interne au théâtre du Capitole au moment des faits, l’ordinateur chargé de piloter les cintres (câbles en acier) ne présentait pas de défaillance technique. Selon les premiers éléments du dossier, c’est la programmation informatique qui aurait été volontairement modifiée par une main anonyme, la veille de la première à 18h19. Nicolas S se serait trouvé sur place à cette heure- là. Son téléphone borne une dernière fois au Capitole, sans savoir s’il se trouvait à l’intérieur ou dans la zone du théâtre.
La question se pose alors, quelqu’un aurait-il tenté de tuer le ténor américain? A l’époque, pour les enquêteurs, le scénario ne tient pas. Les soupçons se portent sur Nicols S, 41 ans qui aurait voulu se venger d’un confrère Richard R. Les deux hommes se détestaient et en étaient déjà venus aux mains. Selon Le Parisien deux mois plus tôt, Richard R avait été condamné pour des violences contre son collègue.
Quel est le mobile ?
Dans Le Parisien, les avocats de Nicolas S, Mes Emmanuelle Franck et Alexandre Martin contestent les faits et réagissent "il n’a donc pas de mobile. Si quelqu’un pouvait avoir envie de se venger, ce n’est pas lui : il venait d’avoir gain de cause en justice ! ".
Nicolas S a fourni un ticket de caisse justifiant des achats dans une grande surface à 12 km de là mais pour la police, il aurait eu le temps de s’introduire en coulisses, de modifier les réglages informatiques et de partir pour effectuer des achats. "La culpabilité de Nicolas S n’est pas établie", selon ses avocats. "Depuis le début, le raisonnement entier dans cette affaire consiste à dire : ça ne peut être que lui. Et ce alors que des suspects ont été écartés d’emblée, et qu’il existe d’autres hypothèses".
Les avocats n’excluent pas que leur client ait pu être victime d’un complot.
Les faits reprochés à Nicolas S par la justice, sont passibles de cinq ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende. Le machiniste travaille actuellement dans un autre théâtre de la ville.