Selon des comptages de deux associations, le nombre de cyclistes aurait augmenté de 20 % en un an sur l'agglomération toulousaine. La majorité de ces usagers du vélo sont des hommes et peu portent un casque.
Êtes-vous réellement de plus en plus nombreux à prendre le vélo pour vos déplacements dans l'agglomération toulousaine ? C'est en tout cas ce qu'il apparaît à la lecture des chiffres de comptages relevés et publiés par deux associations de promotion du vélo dans la ville, l'Apave à Blagnac et "2 pieds 2 roues" à Toulouse.
+ 20 % en un an ?
Selon ces relevés (qui ne sont pas des études scientifiques, précisent les associations, mais des comptages opérés par les bénévoles), le nombre d'usages de la bicyclette aurait augmenté de 20 % (+ 22 % au Pont de Blagnac et + 19,5 % au Pont-Neuf à Toulouse). Pour Sébastien Bosvieux, de "2 pieds 2 roues", il n'existe pas d'études réelles à Toulouse : "Toulouse Métropole réalise des comptages ponctuels, dit-il, mais les résultats ne nous sont pas communiqués. On a donc copié un protocole de comptage mis en place à Lille. Tout le monde dit qu'il y a de plus en plus de vélos en ville : aujourd'hui nous montrons combien avec la progression d'une année sur l'autre". Et la publication, prévue au printemps dernier, de la grande enquête officielle ménages/déplacement, réalisée tous les 10 ans, se fait toujours attendre.En majorité : des hommes... sans casque
Au Pont-Neuf à Toulouse (carrefour quai de Tounis/rue de Metz), 809 cyclistes ont été répertoriés lors d'un comptage d'une heure en fin d'après-midi le 19 juin dernier. C'est 19,5 % de plus qu'en juin 2013 où la même opération avait été menée, au même endroit. Selon "2 pieds 2 roues", 59 % de ces cyclistes étaient des hommes et seuls 16 % étaient porteurs d'un casque. Enfin, l'association n'a relevé que 3 % de vélos à assistance électrique, qui sont de plus en plus nombreux mais dont le coût est encore élevé.Au vieux pont de Blagnac, en une heure également, les compteurs affichent 312 passages le 17 juin dernier, soit 22 % de plus qu'en septembre 2013. L'écrasante majorité (environ 90 %) arrive de Toulouse le matin par la digue de la Garonne et repart en sens inverse le soir. Là, encore plus qu'au Pont-neuf, ce sont les hommes les plus nombreux (76 %). En revanche, le casque concerne 40 % d'entre-eux et on a compté jusqu'à 10 % de vélos à assistance électrique.
Quelle politique "vélo" pour la nouvelle municipalité de Toulouse ?
La ville de Toulouse compte officiellement 500 kilomètres de pistes cyclables depuis juin 2013. Toulouse était 3ème du classement des villes "vélo-friendly" en avril 2014 selon le magazine Terra-Eco, juste derrière Strasbourg et Bordeaux. Mais cela ne suffit pas toujours aux associations. Sébastien Bosvieux fait aussi remarquer que Toulouse a été récemment épinglée dans la liste des villes qui veulent réintroduire la voiture. "On a sollicité un rendez-vous avec Jean-Michel Lattes, le nouvel adjoint au maire chargé des déplacements, mais on n'a toujours pas obtenu de rendez-vous, souligne Sébastien Bosvieux. Alors qu'avec l'ancienne municipalité on voyait souvent Philippe Goyrand, l'élu chargé du vélo".Et les associations pro-vélo ont été refroidies par les premières mesures annoncées par la municipalité de Jean-Luc Moudenc, élue en mars dernier : arrêt des subventions à l'achat de vélos électriques, intention d'ouvrir aux voitures sur le pont de la Liaison Multimodale Sud-est (LMSE) réservé jusque là aux transports en commun et aux vélos, etc.
L'élu Jean-Michel Lattes ne cesse de rappeler qu'il se déplace lui-même avec son vélo de fonction, mais les associations craignent, comme le dit Sébastien Bosvieux, que "le vélo devienne quantité négligeable" dans les politiques de déplacements de la ville et de la métropole.
L'obligation du port du casque : "un coup de frein à la pratique du vélo"
Quitte à surprendre, l'association "2 pieds 2 roues" n'est pas favorable à l'obligation du port du casque pour les cyclistes. Selon Sébastien Bosvieux, "c'est contre-productif : en Australie, quand la loi sur le port du casque obligatoire a été mise en oeuvre, on a vu chuter de 30 % le nombre de cyclistes".L'association rappelle cependant que le casque est un élément de sécurité efficace "notamment pour les cyclistes sportifs ou les cyclotouristes" qui sont les plus concernés par les accidents graves. "On le conseille aussi pour les enfants évidemment". Mais l'association rappelle que le vélo en ville doit être synonyme "de liberté".
Si en France le casque devenait obligatoire, Sébastien Bosvieux estime que ce serait "un coup de frein" à la pratique du vélo au quotidien, pour ses déplacements et un retour à plus de voitures dans les centre-villes.