Depuis l'annonce du programme du Nouveau Front Populaire ce vendredi 14 juin 2024, les critiques fusent. Il est jugé irresponsable par le gouvernement, et le patronat. Abrogation de la réforme des retraites, augmentation du SMIG ou blocage des prix, 150 mesures de rupture que l'union de la gauche estime parfaitement finançables.
Bercy l'a déjà chiffré à 283 milliards d'euros. Info ou intox ? À 10 jours du 1er tour des élections législatives, le programme du Nouveau Front Populaire cristallise toutes les critiques. Explications.
"Totalement irréaliste"
Le programme du nouveau Front populaire, est "un délire total, c'est l'assurance du déclassement", s'est emporté le ministre de l'Économie, ce vendredi 14 juin, dès l'annonce des mesures préconisées par l'Union de la gauche.
Attendez-vous au pire avec le programme économique de l’alliance de gauche.
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) June 14, 2024
Attendez-vous au retour du chômage de masse. Attendez-vous à une augmentation massive des impôts. pic.twitter.com/wDtS90AMLl
À son tour, le président de la République a pris la parole dénonçant "un grave danger pour l'économie française" en renvoyant dos à dos les programmes de la Gauche et du RN jugés "totalement irréalistes et coûtant entre 100 et 400 milliards d'euros".
Des patrons inquiets
Mais alors que contient ce programme du Nouveau Front Populaire ? 150 mesures de rupture parmi lesquelles l'augmentation du SMIG à 1600 euros, l'abrogation de la réforme des retraites, l'abandon de la réforme de l'assurance-chômage, la construction de logements publics ou encore la gratuité de l'école. Une feuille de route critiquée aussi par certains économistes.
Dans le projet du Front Populaire, je note le blocage des prix de première nécessité alimentaires, et, en même temps, la garantie d'un prix plancher et rémunérateur aux agriculteurs.
— Christian Gollier (@CGollier) June 17, 2024
Ca ne vous fait pas sourire? pic.twitter.com/H5MsI4jUIL
Le programme de la gauche effraye aussi le patronat : "Si on fait un SMIG à 1600 euros, on va devoir augmenter tous les autres salaires", a affirmé ce lundi Pierre-Olivier Nau, président du Medef 31. "Nous avons des marges faibles. On ne peut pas imposer cela tout de suite. Alors oui on est inquiet dans de très nombreux secteurs".
Jeudi 20 juin, le premier Ministre, Gabriel va jusqu'à affirmer que "le Smic à 1.600 euros, "ce sont 500.000 emplois détruits quasi-immédiatement."
🔴 "J'aimerais pouvoir dire aux Français que par miracle on peut augmenter le Smic à 1 600 euros net par mois mais cela détruirait des emplois et plongerait des Français au chômage" déclare Gabriel Attal qui détaille le programme de la majorité. pic.twitter.com/La57O9ijj7
— franceinfo (@franceinfo) June 20, 2024
"106 Milliards de dépenses nouvelles"
Face à cette polémique, le Nouveau Front Populaire assume. La députée socialiste sortante de la 1ère circonscription du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault, dont le nom est évoqué comme possible 1ère ministre en cas de victoire de la gauche, annonce "106 milliards d'euros de dépenses nouvelles sur la période 2024-2027" et propose a Bruno le Maire un "débat contradictoire, mesure par mesure, sur le chiffrement du programme de la gauche". Une proposition refusée.
Le chiffrage du programme du Front populaire par @BrunoLeMaire est fantaisiste et mensonger
— Valérie Rabault 🇨🇵🇪🇺🇺🇦 (@Valerie_Rabault) June 17, 2024
Je propose à @BrunoLeMaire un débat contradictoire, mesure par mesure https://t.co/GMr4PNgFzM
"Le ras-le-bol s'est exprimé lors des dernières législatives", a affirmé Valérie Rabault dans un entretien au journal les Echos. "Notre responsabilité d'aujourd'hui, c'est d'inverser la logique mise en œuvre depuis 2017".
Valérie Rabault rajoute : "Les principaux postes de dépenses sont constitués par des mesures permettant de relancer la croissance par les salaires pour 23 milliards d'euros (hausse de 10 % du point d'indice des fonctionnaires, hausse de la rémunération des apprentis et des stagiaires), 10 milliards pour la construction de 200.000 logements publics par an aux meilleurs critères environnementaux et 5 milliards pour la garantie autonomie qui complète les revenus des ménages en dessous du seuil de pauvreté".
Pour financer ces mesures la gauche prévoit de mettre en place "une vraie taxation des superprofits, comme cela se pratique dans d'autres pays européens". L'impôt sur la fortune sera rétabli, "avec un poids supérieur, pour financer la transition climatique". En revanche, elle est "opposée à toute hausse d'impôt sur le travail". Quant au retour du déficit sous les 3 % du PIB, il est repoussé à l'horizon 2030.