Les buralistes ont dénoncé jeudi à Toulouse le marché noir du tabac et exigé des pouvoirs publics de lutter efficacement contre une contrebande qui représente, selon eux, un quart de la consommation en France.
Ils ont également prévenu qu'ils voulaient peser dans la campagne électorale pour les municipales et les européennes afin que cette lutte devienne un enjeu pour les élus et les autorités.
"On ne supporte plus que les pouvoirs publics ignorent le sujet, il est temps de mettre les pieds dans le plat", a déclaré Pascal Montredon, président de la
Confédération des buralistes, en présentant à la presse la campagne de sensibilisation du public que la profession entend mettre en oeuvre par voie d'affiches dans les 27.000 points de vente français.
D'après les buralistes, la contrebande de cigarettes achetées à l'étranger, dans la rue ou sur internet, est passée de 3% en 2003 à 24-25 % aujourd'hui, soit 3,5 à 4 milliards de recettes fiscales perdues.
La lutte contre le trafic doit être une priorité et impliquer, en plus des douanes,
toutes les forces de police et de gendarmerie, a-t-il ajouté.
"Tout le monde doit se mettre à traquer ce marché parallèle qui devient une véritable gangrène, il faut des opérations coup de poing, il faut mettre le paquet" contre un trafic rentable, mais beaucoup moins risqué que celui de la drogue, et contre les achats sur internet qui ont explosé, a-t-il affirmé. "On explique aux têtes blondes qu'on ne doit pas télécharger de la musique sans payer mais on ne dit rien sur la cigarette", a-t-il lancé.
Les débitants de tabac vont s'immiscer dans la campagne électorale pour les municipales,
en demandant "clairement" aux candidats les mesures qu'ils comptent prendre pour lutter contre la contrebande de cigarettes, a expliqué M. Montredon. Dans la campagne pour les élections européennes, la Confédération des buralistes entend aussi faire entendre ses revendications aux candidats: l'harmonisation du prix du tabac dans l'Union européenne et la limitation des quotas d'importation de cigarettes.
Les buralistes ont du mal à encaisser la nouvelle hausse du prix du paquet de cigarettes intervenue en janvier, et accusent ces augmentations d'être responsables du marché noir. Ils demandent donc au gouvernement de geler les prix. "Le marché du tabac reculerait grâce à la cigarette électronique, mais de qui se moque-t-on?", s'est-il insurgé. "On sait très bien que la baisse en volume" s'explique par le marché parallèle "qui continue à progresser car la France est le pays d'Europe continentale où le tabac est le plus cher", a-t-il ajouté.