Lionel Jospin : retour au premier plan et sur ses terres d’élections

Avec son livre « un temps troublé », l'ancien Premier Ministre socialiste distribue bons et mauvais points à ses anciens adversaires ou parfois même au PS et décrypte le macronisme. L'ancien député de Haute-Garonne est ce lundi 21 septembre à Toulouse pour un débat au Conseil Départemental.
 

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C’était le dernier meeting de campagne de François Hollande, à Toulouse. Lionel Jospin y était d’ailleurs intervenu sur la tribune géante installée place du Capitole. C’était le 3 mai 2012, il y a huit ans, presque une éternité pour le PS. Le temps était-il déjà troublé alors ?

Le « peu qu’il est resté » de 2012


A l’époque, le midi-pyrénéen Jean-Pierre Bel était même Président du Sénat. La seconde chambre à gauche, qui l’aurait cru ! « Il est déconcertant de mesurer le peu qu’il est resté au terme du quinquennat, de cette impressionnante réunion de forces » assène Lionel Jospin au début de son livre. 

L’ex-Premier Ministre reconnaît des valeurs à François Hollande, mais comme pour ses prédécesseurs et successeurs, ne lui laisse rien passer : « Ils (Les français) ont été désorientés par un défaut d’autorité, l’absence de solidarité au sein de la majorité et la désagrégation d’une identité politique ».
 

Je suis membre du Parti Socialiste depuis près de cinquante ans. Si j’étais jeune aujourd’hui, le rejoindrais-je ? Ce n’est pas certain. 

 



Toutefois, parmi les certitudes de l’ancien locataire de Matignon celle que le socialisme n’est pas mort : « A la différence d’autres courants de pensée disparus ou marginalisés, le socialisme démocratique a cette chance historique qu’aucune évolution objective ne le menace d’obsolescence ». 

L’ancien Premier Secrétaire reprend aussi volontiers le ton professoral (mais sans langue de bois) qu’on lui a connu pour aiguiller la future politique du PS : « L’éducation, la santé ou l’immigration intéressent tout le monde et touchent au bien commun, alors que les demandes de PMA sont circonscrites ». Et d’affirmer, quelques lignes plus tard, sa ferme opposition à la GPA.

Jospin pourra malgré tout se dire, en revenant à Toulouse, que la Région, comme le département de la Haute-Garonne où il siégea, sont encore socialistes, au moins jusqu’en mars prochain. Mais son ancien siège de député, sur une carte électorale certes redécoupée,  .

LREM ? « Une puissance surplombant le vide »


Emmanuel Macron et ses victoires justement, il en est aussi question dans l’ouvrage : « Il gagna en exploitant une insatisfaction et en soulevant une espérance » estime Lionel Jospin. « L’affaissement de la gauche, l’image dégradée du champion de la droite, une société découragée par le maintien d’un chômage élevé, la persistance des inégalités et le sentiment de l’impuissance des politiques ont (…) nourri un désir de changement ».
 

Le mouvement politique constitué par LREM suscite l’impression étrange d’une puissance surplombant le vide. Si ce mouvement comporte nombre de talents individuels, il peine à exister comme une force authentique 




Dans la deuxième partie d’« un temps troublé », le bilan d’étape dressé des trois ans de Macron à l’Elysée est sans appel. Le titre du chapitre en atteste : « la désillusion ». L’hôte de l’Elysée n’a pas d’attaches politiques selon l’auteur, « Macron n’a que des fidèles récents ou des obligés » et il est même comparé à Nicolas Sarkozy, entre « son désir de séduire » et « son plaisir de dominer ».

Des reproches mais aussi des pistes


Pour ce qui est du soulèvement des Gilets Jaunes en revanche, Lionel Jospin n’en attribue pas la totale responsabilité à l’actuel Président de la République. « Cette explosion de colère a son origine dans des frustrations et des injustices déjà ressenties » analyse-t-il.

Le traitement du conflit en tout cas lui n’a pas été à la hauteur. Et Jospin de soulever l’incongruité du Grand Débat : « un mouvement se poursuivait sans s’infléchir dans la rue, cependant que, ailleurs, d’autres débattaient, sans lui, des raisons de son surgissement et des moyens de l’apaiser ».

L’ancien leader socialiste tape aussi très dur (et avec humour) sur la théorie du « premier de cordée ». Mais il se veut à nouveau plus rigoriste et didactique pour détailler ses orientations sur la réforme des retraites ou l’orientation à donner à l’économie. Il s’arrêtera aussi quelques lignes pour donner sa définition du terme de « progressisme » que s’accapare, « avec ambiguïté » selon lui, En Marche.

La politique en temps de Covid


Dans sa postface sur la crise du Covid, écrite en juillet, Lionel Jospin pointe la contradiction entre la politique que le Président de la République a voulu mener, « chaque jour notre pays s’affaiblit de ne pas être adapté à la marche du monde » et celle qu’il a prôné pour l’avenir à l’annonce du confinement le 12 mars dernier : « Il nous faudra tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses faiblesses au grand jour. »

Dans cette même postface, il rappelle que le parti présidentiel « rate totalement son implantation locale » à l’occasion des Municipales et qu’en revanche la gauche avait su gagner quand elle était unie. Une leçon à retenir selon lui pour « invalider le scénario peu souhaitable » d’un second tour Le Pen/Macron en 2022.

« Un temps troublé » de Lionel Jospin, éditions du Seuil.

Retrouvez notre entretien avec Lionel Jospin dans « Dimanche en Politique » dimanche 27 septembre à 11h25 sur France 3 Midi-Pyrénées.

 
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