"Pour des résidents toujours citoyens en Ehpad" est le nom d'une plateforme lancée par un Toulousain. Elle est signée par seize associations qui espèrent faire de la question des personnes âgées résidant en Ehpad, un enjeu de la campagne présidentielle.
Le confinement a accéléré la prise de conscience d'un constat déjà alarmant. Celui de Patrick Collardot, fondateur en 2019 de l'association : "Touchepasmesvieux". "La situation est préoccupante" se désole celui dont la mère réside dans un Ehpad.
Il y a une maltraitance systémique : le système créé la maltraitance, elle n'est pas volontaire. Les personnels n’ont pas le temps de faire leur travail donc il est bâclé. Et en faisant vite, parfois on se trompe, on chute ou on manque de respect.
Patrick CollardotFondateur de "Touchepasmesvieux"
Avec le confinement, "on s'est rendu compte de la nécessité des familles aidantes" remarque le retraité. Et de préciser : "il n'y avait plus de famille pour aider leurs parents à manger, faire leur toilette ou s'assurer du bon fonctionnement des appareils auditifs. Cela a mis en lumière la pénurie de personnel soignant."
Trop de pouvoirs pour la direction, pas assez pour les familles
En creusant un peu, Patrick Collardot se rend rapidement compte de plusieurs dysfonctionnements. "Le ministère de la Santé nous a dit que le gouvernement ne pouvait pas forcer les Ehpad à suivre leurs conseils parce que ces derniers ont un pouvoir de police". Concrètement, "les Ehpad peuvent prendre des mesures de privation de liberté après consultation d'une équipe pluridisciplinaire. Sauf qu'une partie des Ehpad n'a même pas de médecin coordinateur !" alerte le bénévole.
A contrario, les familles, membres du CVS (conseil de la vie sociale) auraient peu de pouvoir. "Ce conseil, obligatoire depuis 2004 dans tous les Ehpad, doit être consulté avant la mise en place de mesures de privation de libertés. Or, moins d'un CVS sur cinquante fonctionne correctement."
Onze mesures
Pour répondre à ces problématiques, "et à celles justement soulevées dans le livre de Victor Castanet : "Les Fossoyeurs"" tient à préciser Patrick Collardot, seize associations, représentant un millier d'Ehpad partout en France, proposent onze mesures "pour des résidents toujours citoyens en EHPAD" en vue des prochaines élections présidentielles :
- La remise en route immédiate d’une loi « Grand âge »
- L'augmentation du nombre de personnels soignants
- La reconnaissance du statut du résident en tant que citoyen et humain à part entière (donnant son consentement éclairé pour les décisions importantes)
- La reconnaissance de la chambre du résident comme étant son domicile privé
- Le statut des aidants principaux et des bénévoles
- La suppression ou modification du « pouvoir de police » des directions
- Un conseil de la Vie Sociale (CVS) opérationnel et décisionnaire
- La modification du contrat de séjour de façon à garantir les conditions de la prise en charge
- La transparence sur la totalité des éléments de financements publics des Ehpad
- La création d’une instance indépendante pour la gestion des litiges entre les directions et les résidents et leurs familles
- L'adaptation du socle légal existant et des protocoles sanitaires dédiés pour corriger les dérives d’un plan d’urgence sanitaire
Ces mesures sont classées par faisabilité. La volonté est avant tout de porter le débat sur le sujet de la prise en charge des personnes âgées dans les Ehpad. Touchepasmesvieux a déjà obtenu un premier rendez-vous avec l'équipe de campagne de la candidate Les Républicains Valérie Pécresse.
Le collectif espère un retour de l'ensemble des candidats parce qu'"il y a urgence. Il faut continuer à faire vivre les Ehpad donc il faut plus de moyens, plus de contrôles, plus de sanctions et surtout plus de transparence", conclut Patrick Collardot.