Manif des agriculteurs à Toulouse : qui va payer les dégâts ?

Circulation paralysée, épandages de lisier ou de fumier... Les milliers d'agriculteurs qui ont manifesté dans Toulouse mardi ont laissé des traces derrière eux. Qui va payer le nettoyage ? Y aura-t-il des poursuites pour entrave à la circulation ? 

Une manifestation dans les rues de Toulouse, ça pose toujours quelques soucis pour les habitants : principalement des problèmes de circulation, quand tout se passe bien. Quand ça dégénère, comme samedi 1er novembre lors de la manifestation (non-autorisée par la préfecture) d'hommage à Rémi Fraisse mort sur le site de Sivens, avec l'entrée en scène des "casseurs", ça laisse des traces bien plus importantes : mobilier urbain vandalisé, tags, poubelles brûlées, vitrines brisées. La police avait alors procédé à plus d'une quinzaine d'interpellations et certains ont déjà été condamnés par la justice.

La manifestation régionale des agriculteurs mercredi 5 novembre à Toulouse n'a pas dégénéré. Non, les 3000 agriculteurs et 400 tracteurs ont bien fait ce qu'ils avaient annoncé et qui avait été autorisé par les services de l'Etat : bloquer une partie de Toulouse. 

Ce qui était cependant moins prévu c'est que cette manifestation conduise les autorités à fermer pendant plusieurs heures une partie du périphérique de Toulouse au sud-ouest pour permettre de dégager les voies de circulation qui avaient été obstruées par des "merlons de fumier" déposés par les manifestants. 

La fermeture partielle de la rocade toulousaine a généré de gigantesques bouchons, les automobilistes étant renvoyés vers des grands axes du centre-ville dont certains étaient également... bloqués par les manifestants !

Les milliers d'automobilistes bloqués, les centaines d'heures perdues dans les bouchons : tout cela a un coût. Que personne ne paiera ! Mais a-t-on le droit d'entraver la circulation ? Peut-on imaginer que l'Etat poursuive la FRSEA ou les Jeunes Agriculteurs alors même que la manifestation était autorisée ? Nous avons posé la question à la préfecture, mais nous n'avons pas obtenu de réponse.



En revanche, ce qui n'était pas autorisé ce sont les dégâts sur des bâtiments publics ou privés ou encore l'épandage de tonnes de lisier ou de fumier sur le domaine public. Rues, trottoirs et même stations de métro (tweet ci-dessus de France Bleu Toulouse). Il a fallu que les services propreté de la ville de Toulouse nettoient tout. 

Montant de la facture ? Encore inconnu à cette heure, mais la ville de Toulouse nous assure qu'elle sera envoyée à l'Etat "en vertu de sa responsabilité en cas d'émeute". Ville ou Etat : dans les deux cas, c'est le contribuable qui paye !



Enfin, il y a les actes gratuits comme la projection de purin sur la cité administrative (voir ci-dessus le tweet-vidéo de Philippe Gagnebet, correspondant du journal Le Monde à Toulouse) ou encore sur la façade du local régional d'Europe Ecologie les Verts (EELV) : 

Selon nos informations, le parti écologiste a décidé de porter plainte. Dans un tweet, le maire UMP de Toulouse Jean-Luc Moudenc a condamné cet acte, "comme il condamne toutes les dégradations faites en marge des manifestations de manière générale", nous a précisé son cabinet : 



Certes, lors de cette manifestation, il n'y a pas eu de blessés, ni d'incidents graves. Certes, aussi, les agriculteurs traversent une crise économique qui touche certains d'entre-eux de plein fouet et ils doivent en plus faire face à de nouvelles mesures contraignantes, notamment environnementales.

Pour autant, FDSEA et CDJA (de tous les départements de la région) semblent bénéficier de la part des pouvoirs publics d'une "bienveillance" en cas de manifestation qui peut donner le sentiment qu'ils bénéficient d'une certaine impunité.  
Pas de fumier pour les jardiniers toulousains ?
En septembre dernier, les agriculteurs tarnais avaient déversé du fumier à Albi. Récupéré par les services municipaux, il avait été mis gratuitement à disposition pour les jardiniers dans un "drive-fumier" qui a connu un succès fou.
Ce ne sera sans doute pas le cas à Toulouse : d'après nos informations, le fumier qui a été déversé dans les rues était souvent mélangé à d'autres produits, notamment des déchets comme des plaques d'everite ou encore de vieux pneus. 
Une expertise est en cours et la mairie de Toulouse n'a pas encore décidé si ce fumier sera mis à disposition des Toulousains pour leur jardin ou devra être détruit. Les géraniums attendront !
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