Mineurs non accompagnés à Toulouse : des associations s'inquiètent de la fermeture d'un lieu d'hébergement

Un site pour héberger les mineurs isolés va fermer ses portes. Il avait été mis à disposition par la mairie de Toulouse. Médecins du Monde qui participe à l'accueil de ces jeunes s'inquiète de la fin de ce dispositif.

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Des jeunes mineurs isolés risquent de se retrouver à la rue à Toulouse. Depuis presque deux ans, un dispositif permettait pourtant d’accueillir ces jeunes étrangers dans un ancien Ehpad appartenant au CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) et situé dans le quartier de La Cépière.

Ces jeunes, qui pour la plupart viennent de pays africains francophones, sont tous en attente d’une décision concernant leur situation en France. Le département de Haute-Garonne ne les reconnait pas comme étant mineurs. Ils ont donc déposé un recours auprès de la justice. En France, ce sont les Conseils départementaux qui doivent prendre en charge ces mineurs non accompagnés avec l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE).

"Les dossiers traités rapidement le sont en trois mois", explique Nicolas Puvis, coordinateur des actions mobiles Médecins du Monde (MDM) en Midi-Pyrénées. Mais certains attendent très longtemps et sans ce dispositif d’accueil ils seraient à la rue. Et dans 80 % des cas, selon MDM, ils obtiennent gain de cause en justice.

Des problèmes de violence

En 2019, la municipalité avait accepté à titre expérimental d’accueillir ces jeunes dans l’ancien EHPAD des Tourelles. Mais selon le CCAS, propriétaire des lieux, plusieurs actes violents ont eu lieu. Et le Centre Communal d’Action Sociale a donc écrit aux différentes associations concernées pour leur signifier la fermeture du site à compter du 7 février.

"Un renfort en gardiennage a été mis en place les soirs, nuits et week-ends", écrit la directrice du CCAS, (...) le climat ne s’est pas pour autant apaisé".


Médecins du Monde reconnait ces événements violents et indique que les quelques jeunes concernés ont été expulsés du site.
"Mais nous avions remonté ces problèmes de sécurité depuis plus d’un an", dit Nicolas Puvis. "Fermer un site et punir les jeunes qui ont été victimes de ces agressions ce n’est pas la solution. On aurait aimé travailler avec une équipe éducative renforcée. Trois personnes à temps plein pour encadrer une centaine de jeunes, ce n’est pas suffisant. Et puis, rappelle-t-il, sans excuser la violence, il ne faut pas oublier d’où viennent ces jeunes, le traumatisme qu’ils ont connu, les problèmes de santé psychique liés au chemin qu’ils ont parcouru, leurs conditions de vie en France. Ce sont des moments très angoissants qui peuvent en déstabiliser plus d’un".

La fin d'un dispositif expérimental ?

Médecins du monde souhaite éviter la fermeture du site annoncée pour le 7 février et l’association aimerait que tous les protagonistes se remettent autour d’une table de négociations. "On sait que d’autre sites municipaux sont vides et pourraient accueillir un tel dispositif", explique Nicolas Puvis.

Contactée par France 3 Occitanie, la municipalité indique que tous les acteurs, l’Etat, la Mairie et le Conseil départemental vont travailler ensemble pour trouver une solution pour ces jeunes.

"L'absence du respect du cadre d’accompagnement négocié nous amène à devoir mettre fin à ce dispositif", explique Daniel Rougé. "Pour autant, notre souhait est de poursuivre le travail partenarial que nous avons engagé avec le Conseil départemental de la Haute-Garonne et les services de l’Etat", précise le 1er adjoint du maire de Toulouse et vice-président du CCAS.
"L’objectif est de reconstruire un cadre de mise à l’abri et d’accompagnement pour ces jeunes en attente de clarification de leur situation administrative. C’est un enjeu de lutte contre le sans-abrisme, d’inclusion et de prévention de la délinquance. En attendant, en ce qui concerne ces jeunes, les besoins premiers (accès à l’eau, à l’électricité et à l’alimentation) seront garantis par la collectivité. Un recensement des situations a été proposé pour permettre des orientations et éviter les sorties « sèches » à la rue. Le dialogue doit demeurer possible dans cette optique", 
explique Daniel Rougé.

Joint par France 3 Occitanie, le conseil départemental confirme que les jeunes accueillis dans l'ancien Ehpad des Tourelles ont été évalués majeurs par le DDAEOMI (Dispositif Départemental, d'Accueil, d'Évaluation et d'Orientation des Mineurs Isolés). "La prise en charge de ces jeunes relève, en conséquence, de la compétence de l’Etat", indique le Département. "Nous avons appris par la presse le fait que Le CCAS de la ville de Toulouse a entamé une procédure d’expulsion du site des Tourelles, qui n’interviendra qu’à la fin de la trêve hivernale, au 1er avril et non le 7 février prochain. Face à cette situation, le Conseil départemental demande aux acteurs concernés, l’Etat et la ville de Toulouse, de se prononcer dès que possible et avant le 1er avril sur les solutions qui pourront être mises en place pour l’accueil de ces jeunes".

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