"Nous voulons sensibiliser aux violences sexistes et sexuelles", choquées par une campagne dans les transports, elles réalisent un film

Dans le réseau Tisséo, nombreuses sont les campagnes d'affichage. Si elles concernent des sujets variés, un grand nombre se concentre sur les violences sexistes et sexuelles. Des campagnes lancées depuis 2017 par la société de transport. Mais depuis quelque temps, un nouveau "Guide pour agir" est dénoncé par le collectif Cassons les Injonctions 31.

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Lors d'un trajet en bus, Eugénie prend connaissance du "guide pour agir" publié dans les transports en commun à Toulouse (Haute-Garonne) par Tisséo. Tout de suite elle est choquée. "C'est un guide qui vise les personnes victimes de violences sexistes et sexuelles (VSS) et les témoins. Je suis moi-même victime de violences sexuelles et j'ai été vraiment choquée. J'avais l'impression qu'on me pointait du doigt, ça m'a beaucoup remué" explique la jeune femme. Elle décide donc de se mobiliser, créé le collectif Cassons les Injonctions 31 et co réalise un documentaire nommé Une bonne campagne

Un collectif créé dans la foulée

Dans le guide pour agir diffusé par Tisséo, deux messages sont délivrés. Le premier, aux victimes, avec "les bons réflexes" à avoir. Parmi eux : "Signifiez votre refus de manière claire et forte, éloignez-vous de l'agresseur." Pour Eugénie, ces premiers mots ne sont pas les bons.

"On a l'impression que là-dessus, il y a un manque d'information quant aux mécanismes de sidération. Un réflexe tout à fait normal dans des situations de harcèlement. Mais c'est aussi une double peine pour la victime, par ce que ça signifie, que pour être reconnue comme victime, on doit réunir tout un nombre de critères", se désole la jeune femme. Sur le visuel diffusé par Tisséo, rien ne figure au sujet des agresseurs. Un autre problème pour Eugénie : "On pense toujours à ce que faisait la victime, comment elle était habillée, ou elle allait, mais jamais à l'agresseur. Et ça, ce n'est pas normal ! J'étais vraiment choquée que personne ne réagisse..."

Alors, après son trajet en bus, Eugénie estime qu'il faut entrer en action. Pour elle, le message associé à ce guide pour agir n'est pas le bon. "J'en ai parlé à Lola (une amie et militante du collectif Noustoustes31) et nous avons décidé de ne pas laisser faire. Nous avons fait un appel à bénévolat pour réaliser un documentaire."

Sensibiliser un large public

Un film de plus de vingt minutes, dans lequel plusieurs Toulousains réagissent aux mots choisis par Tisséo. "Notre objectif n'est pas de faire la guerre à Tisséo. On sait qu'ils sont mobilisés. Nous sommes parties de ce guide pour pouvoir toucher un plus large public. Nous sommes parties de ce guide pour réaliser notre film, mais nous souhaitons aller plus loin." Alors les deux jeunes femmes font appel à des spécialistes comme Sophie Barre, spécialiste de la culture du viol et Achtar Somi, thérapeute psychocorporel. "Je pense que lors de la création de tels messages, des professionnels devraient pouvoir intervenir, on demande vraiment à ce que ce soit des personnes compétentes, qui puissent parler de ces sujets. On veut aider le grand public à se positionner de façon plus juste pour les victimes."

Une projection et des échanges avec le public

Pour faire connaître leur film. Le collectif effectue alors une demande auprès de la Mairie de Toulouse, afin de bénéficier d'une salle pour projeter le documentaire. Très rapidement le réseau Tisséo est informé de l'objet du film et se défend. "Les campagnes de communication déployées depuis 2017 sur le réseau montrent l’engagement de Tisséo Voyageurs dans cette lutte pour des déplacements les plus sereins possibles (...) Les élus du Conseil de la Métropole ont été interpellés par le Collectif Cassons les injonctions le 17 octobre sur l’extrait du guide pour agir. Les élus ont proposé au Collectif de participer au groupe de travail créé en 2017 par Tisséo Voyageurs sur les actions à mener dans cette lutte."

À lire aussi : Pour lutter contre les violences sexistes Tisséo lance une opération pour descendre du bus à la demande

Pour Eugénie, l'objectif est aussi de proposer une autre solution. "Dans notre documentaire nous donnons un exemple d'un affichage possible, qui ne heurterait pas les potentielles victimes." Les jeunes femmes du collectif Cassons les Injonctions 31 espèrent, quant à elles, pouvoir toucher un plus large public, et bénéficier d'autres lieux de diffusion. En France, 87% des femmes déclarent avoir déjà été victimes de harcèlement ou de violences sexuelles ou sexistes dans les transports.

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