Plusieurs communes de la Haute-Garonne ont reçu, ce 9 octobre, un message du Trésor public les informant que les gendarmeries ne paieraient plus leurs loyers "jusqu'à nouvel ordre". Fake news ou réalité ? À l'Union, le maire préfère prendre cette affaire avec humour.
Plusieurs villes du département de la Haute-Garonne vont-elles devoir se passer de plus dizaines de milliers d'euros pour leur budget 2024 ? Elles viennent d'être informées que les loyers de la gendarmerie ne seront plus versés.
"On se dit que c'est un fake"
C'est un mail court et laconique, qui a été reçu ce mercredi 9 octobre par la mairie de l'Union en Haute-Garonne. Il vient du Trésor Public et il informe la municipalité de "la suspension jusqu'à nouvel ordre du paiement de l'ensemble des loyers dus pour l'occupation des casernes de la gendarmerie nationale pour des motifs de disponibilité de crédits alloués au programme 152 au titre de l’exécution budgétaire 2024".
"Au début on n’y croit pas, on se dit que c'est un fake", réagit Marc Péré, le maire de la ville. "Après coup, on voit que c'est vrai et c'est la stupéfaction. C'est une mesure, qui dépasse l'entendement. L'état, qui doit garantir le respect des lois, ne respecte pas ses obligations de locataire, alors que nous sommes nous-même déjà en difficulté".
Garder le sens de l'humour
Le maire de l'Union exprime toute sa solidarité avec les gendarmes : "J'ai une pensée pour eux, qui se trouvent dans une situation étrange avec cette décision". Quant aux arriérés de 43000 euros pour l'année 2024, il préfère prendre ça avec humour dans un post, publié sur Facebook ce lundi matin.
"Samedi, l’agence de notation Fitch a maintenu sa notation de la France à AA-, soit l’équivalent d’une note de 17 sur 20", écrit l'élu divers gauche. "Au même moment, l’Etat annonce qu’il ne peut plus payer ses loyers aux Mairies qui hébergent ses gendarmeries. Imagine à 12 ou même à 15 sur 20 : je pense que là, l’Etat organisera des braquages de banques."
43.000 euros de manque à gagner
"C'est incroyable qu'ils n'aient pas réussi à sanctuariser les dépenses nécessaires, qui permettent à des mairies de fonctionner correctement", s’étonne Marc Péré. "On marche sur la tête". Car L'union n'est pas la seule commune du département à avoir reçu ce courrier de l'Etat. Montastruc, Castelginest, Launaguet, Saint-Orens, Saint-Jory, Verfeil et Fenouillet sont aussi concernées.
"43.000 euros dans notre budget annuel c'est l'équivalent d'un salaire annuel pour un employé de Mairie", poursuit Marc Péré. "J'espère qu'il ne s'agit que d'un report. Je n'ose pas imaginer que ce soit une suppression pure et simple. Ce qui est sûr, c'est que ça tombe mal, à un moment, où on a déjà des objectifs d'économie pour l'année 2025".
Lien avec la Nouvelle-Calédonie ?
À L'Union, la situation est d'autant plus cocasse, que, deux jours seulement avant la réception de ce mail, élus et grand patron de la gendarmerie d'Occitanie se sont retrouvés pour la pose de la première pierre d'une nouvelle gendarmerie, qui devrait voir le jour d'ici 18 mois. Ce nouveau bâtiment sera, cette fois, géré par l'office HLM des Chalets.
"La ville s'est investie dans cette nouvelle gendarmerie", rajoute le marie de l'Union. "Nous avons vendu au futur bailleur un terrain de 7000 mètres carrés à 10% de sa valeur. Ce n’est pas rien. Concernant les arriérés de loyers, moi je pense que ce sont les opérations de gendarmerie en Nouvelle-Calédonie qui ont coûté une fortune et cela a dû grever le budget de l'Etat. Sinon je ne me l'explique pas".
Pour l'instant les communes touchées sont dans l'inconnue. Au-delà des pratiques qu'elles jugent "Incroyables pour la 5ème puissance économique mondiale", elles pourraient entamer une action commune pour tenter de régulariser la situation.