Ours des Pyrénées : le gouvernement réautorise les tirs d'effarouchement

Les mesures controversées d'effarouchement des ours mises en place en France de façon expérimentale pour protéger les troupeaux, vont être pérennisées. L'arrêté a été publié ce 21 juin 2022 au Journal officiel. Une décision incompréhensible pour les associations de défense de l'ours.

En 2019, le gouvernement français avait mis en place à titre expérimental des mesures d'effarouchement des ours bruns dans les Pyrénées pour prévenir les attaques de troupeaux dénoncées par les bergers. 

Le dispositif prévoit que, sur dérogation préfectorale, les éleveurs peuvent avoir recours à un effarouchement simple (moyens sonores, olfactifs et lumineux) ou à un effarouchement "renforcé" à l'aide de tirs non létaux (cartouches à double détonation ou balles en caoutchouc). A l'exclusion du coeur du Parc national des Pyrénées. L'expérience était depuis reconduite chaque année.

"Une certaine efficacité"

Les ministères de la Transition écologique et de l'Agriculture estiment désormais qu'avec trois ans de recul, les bilans montrent "l'absence d'effets négatifs apparents" sur la population d'ours et "une certaine efficacité concernant l'évitement de la prédation", selon l'argumentaire posté lors de la mise en consultation publique de l'arrêté fin avril. 

"C'est incompréhensible"

Ces tirs non létaux sont régulièrement dénoncés par les associations de défense de l'ours qui ont d'ailleurs gagné à deux reprises leurs recours devant le Conseil d'Etat. Dans sa dernière décision d'avril 2022, la plus haute juridiction administrative avait à nouveau annulé ces dispositions pour l'arrêté de 2021.

Alors que l'ours brun est une espèce protégée, les dispositions de l'effarouchement renforcé "ne permettent toujours pas de s'assurer" que les dérogations "ne portent pas atteinte au maintien des populations concernées dans leur aire de répartition naturelle et ne compromettent pas l'amélioration de l'état de l'espèce", avait-elle jugé.

Contacté par France 3 Occitanie, Alain Reynes, de l'association Pays de l'ours-Adet, juge cette décision "incompréhensible".

Le gouvernement réagit comme si de rien n'était. Alors que ces mesures d'effarouchement coûtent cher, sont critiquées par les experts, par les associations et qu'elles ne sont pas soutenues par la majorité des Français. C'est injustifiable ! On ne comprend pas quel est le projet de l'Etat en la matière. Il navigue à vue, sans boussole.

Alain Reynes, association Pays de l'ours-Adet

Dépôt d'un nouveau recours

Les associations de défense de l'ours ont décidé d'attaquer cet arrêté devant le Conseil d'Etat. Ce vendredi 24 juin, une réunion est prévue à la préfecture de région à Toulouse avec les associations pro ours, les représentants des éleveurs et le préfet Ours afin de présenter la nouvelle feuille de route du plan ours.

La population d'ursidés est désormais estimée à 70 ours en 2021 (64 en 2020, 59 en 2019), selon l'Office français pour la biodiversité (OFB), qui estime toutefois dans son dernier bilan que le "sort de la population reste incertain". 
Selon le gouvernement, 486 dossiers d'indemnisation ont été enregistrées en 2021, pour un total de 723 bêtes tuées (principalement des ovins), mais la responsabilité de l'ours n'est pas prouvée pour toutes ces morts.

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