Le plan de mixité sociale dans les collèges toulousains prévoit notamment l'accueil des enfants de la Reynerie dans des collèges de quartiers dits "favorisés". Pour une partie des parents, ces collèges sont trop loin. Ils réclament le droit à un collège de proximité.
Cela fait plusieurs années que certaines familles du quartier de la Reynerie à Toulouse se battent. Depuis le plan de mixité sociale (expérimentation unique en France), leurs enfants sont affectés dans des collèges de quartiers dits "favorisés". Selon leur adresse précise, ces élèves peuvent dépendre du collège Léonard de Vinci à Tournefeuille, de Bellevue, Fermat ou les chalets à Toulouse ou encore de Jean Rostand à Balma. Ce dernier établissement se situe à une vingtaine de kilomètres de Bellefontaine, où réside Malika Jabeur et ses huit enfants. Parmi eux, Khadija, qui se rend au collège Jean-Moulin. Son frère Mohamed, 10 ans, qui rentre en 6e, a lui été affecté à Balma. Pour Malika Jabeur, c'est l'incompréhension.
Malika n'est pas à Toulouse depuis très longtemps, elle ne connait pas la réputation des collèges de la ville et ça lui est égal. Ce qui lui importe, c'est que son fils ne soit pas loin. "Je n'ai pas envie non plus qu'il arrive trop tard le soir parce que sinon il sera épuisé au moment de faire ses devoirs. Je le vois déjà avec ma fille, il n'aura même plus d'appétit, la fatigue va prendre le dessus" prédit-elle.Pour l'instant il n'est inscrit nulle part. Je voudrais un collège proche de la maison. D'autant plus que mon fils a la phobie des transports en communs et qu'il a peur d'être seul loin de sa famille. Il n'est même pas affecté dans le même collège que sa grande soeur ! Et il y a seulement un bus le matin et un bus le soir. Donc si un professeur est absent ou s'il y a grève, il devra quand même attendre le bus du soir.
Droit à un collège de proximité
Une association s'est créée : l'assemblée des parents. La secrétaire de cet organisme, Brigitte, raconte l'une des réponses faites par le conseil départemental : "quand on leur a demandé pourquoi c'était aux enfants de quartiers défavorisés de se déplacer pour favoriser la mixité sociale, on nous a répondu que les enfants de quartiers favorisés n'auraient pas envie de venir!"Brigitte comprend la politique de mixité sociale mais elle affirme que le collège d'affectation des enfants devrait dépendre du choix libre des parents. Elle tient aussi à rappeler qu'il existe différents collèges, plus proches que ceux de Bellevue ou encore Balma. Et que certains parents n'ont pas de voiture. "Les enfants ne pourront plus faire de sport ou aller chez l'orthophoniste par exemple" déplore-t-elle.
La réponse du conseil départemental
Le conseil départemental rappelle que le plan de mixité sociale a été lancé en 2017, à la suite de constats "du conseil national d’évaluation du système scolaire (CNESCO) de juin 2015 sur les effets néfastes de la ségrégation sociale sur la réussite scolaire". Il affirme que "les élèves concernés bénéficient d’un transport direct dédié en autocar, pris en charge par le conseil départemental, et d’un accompagnement dans les collèges d’accueil".Une réunion s'est déroulée ce jeudi 27 août entre le rectorat et une quinzaine de familles et quelques solutions ont été trouvées. C'est en fait du cas par cas. "Il y a un vrai dialogue avec le rectorat" se réjouit Brigitte pour qui la meilleure solution, ce serait en fait de construire des collèges au Mirail.Les parents d’élèves ainsi que les enseignants ont été associés au projet depuis son commencement. Les comités de suivi organisés régulièrement avec les partenaires du projet, la communauté éducative et les fédérations de parents d’élèves, révèlent que le dispositif fonctionne bien, tant en termes de résultats scolaires que de mixité sociale. Le Conseil départemental déplore l’instrumentalisation permanente par une minorité de ce projet, qui suscite pourtant une large adhésion auprès des familles et de la communauté éducative.