Le week-end du 3 et du 4 décembre 2022, pas d’homme en noir sur les pelouses des stades de football en Haute-Garonne. Les arbitres du district sont simplement lassés de subir des violences, qu’elles soient physiques ou verbales, sur et autour des terrains de football.
Le week-end du 3 et du 4 décembre, aucun arbitre ne chaussera les crampons en Haute-Garonne. Pour cause, l’agression d’un arbitre, le 12 novembre 2022 lors d’un match de départemental. Un joueur a pris un carton rouge et a été expulsé du terrain. À la fin du match, pour une raison incomprise de tous, il est retourné voir l’arbitre protestant son carton rouge. Il lui a asséné un coup de poing dans la figure, faisant tomber l’arbitre. Le joueur continue alors à lui mettre des coups de pied alors qu’il est au sol.
Un acte de solidarité
Quasiment 300 matchs seront concernés. Ils se dérouleront mais seront arbitrés par des bénévoles ou des membres des clubs. "La portée est double. D'abord, on veut montrer au club l’importance d’un arbitre officiel. C’est très dur d’arbitrer un match et j’espère qu’ils s'en rendront compte", explique Jean-Marc Sentein, président du district de la Haute Garonne. Il s'agit également d'un acte de soutien envers les arbitres concernés. "Il fallait être solidaires. On ne peut pas les laisser tout seul se faire agresser sur un terrain. L’environnement autour des terrains pose problème", conclut-il.
Des violences toujours plus fortes
Résultat de cette agression: cinq jours d’ITT et des séquelles psychologiques pour l'arbitre. Un contexte qui semble délirant, au vu du niveau de la rencontre. Rappelons que le district est le niveau départemental qui va du neuvième au treizième échelon du football français, très loin donc, du sommet et de la Ligue 1.
Pourtant, les violences n'ont de cesse d'augmenter sur et autour des terrains de football. "Il s'agit de la première agression très violente, qui fait suite à d’autres actes de violence depuis le début de la saison. On est passé d’incivilités verbales à un grade supérieur", explique Jean-Marc Sentein. Arbitre qui se fait courser à la fin d’un match, agrippage de maillot, insultes... Les exemples ne manquent pas pour le président du district.
"Sur le terrain, on ne peut plus discuter"
450 arbitres ne porteront pas le sifflet à la bouche ce week-end. Monsif Elmahraoui, arbitre de district depuis 18 ans, est l'un d'eux. "Je trouve que les gens maintenant sont plus agressifs, plus nerveux. Je ne sais pas si c’est à cause de la vie actuelle que l’on vit, mais ils ne sont plus comme avant, ils s’énervent vite au moindre truc. Sur le terrain, on ne peut plus discuter, c’est directement des agressions, des menaces, ça devient compliqué", confie le boulanger de profession.
Nathan est un jeune arbitre de 13 ans et il est déjà confronté à la problématique. "J’ai arbitré un match mercredi dernier et je me suis fait insulter parce que je n’avais pas sifflé un pénalty". Il fera peut-être partie, un jour, des 80 arbitres formés chaque année par le district de la Haute-Garonne et non pas des 60 qui arrêtent dans le même temps, lassés des violences verbales, physiques subies sur les terrains.