On peut désormais réparer ses chaussures ou ses habits à moindre coût grâce à une subvention proposée par l'Etat. À Toulouse (Haute-Garonne), la cordonnerie Risole a mis en place ce "bonus réparation". Un coup de pouce pour les artisans et les clients, mais pour lutter contre la surconsommation, il faudra aller encore plus loin.
Dans le quartier de Saint-Cyprien, à Toulouse (Haute-Garonne), la cordonnerie Risole a pignon sur rue, depuis janvier 2020. Derrière le comptoir, des dizaines de chaussures attendre de faire peau neuve, entre les mains des trois experts de la boutique. Bottines, escarpins, chaussures de randonnée... Rien ne semble impossible à retaper. Une cliente entre, baskets en toile jaunes à la main : "Elles ont pris la pluie", se désole-t-elle. Aucun souci, la cordonnerie les prend en charge.
Des cas comme celui-ci, Clément Fabries, gérant du magasin, en voit passer chaque semaine. "Les gens nous amènent leurs chaussures, parce qu'ils sont bien dedans, et veulent les garder, explique-t-il. Nous, ça nous importe de travailler sur la durabilité. On crée de la valeur en sauvant des déchets et on participe à ralentir la consommation." Chaque année, en France, 700 000 tonnes de vêtements sont jetés, dont deux tiers qui finissent dans des décharges.
Une ristourne pour le client
Faire réparer au lieu de jeter : un réflexe que souhaite encourager le gouvernement, en mettant en place un "bonus réparation". Le concept ? Une subvention qui permet de réparer ses vêtements ou ses chaussures en ayant une réduction, une partie du coût étant pris en charge. Au lieu de payer le ressemelage de votre paire de mocassins 40€, vous pourrez désormais le payer 20€, chez un des réparateurs labellisés, dont la liste est disponible sur le site bonusreparation.fr
Une aide qui n'est pas financée par l'Etat directement, mais par les marques, selon le principe pollueur-payeur, via un fonds géré par Refashion, éco-organisme de la filière TLC (textile d'habillement, linge de maison et chaussures).
Mieux consommer
Pour les commerçants comme la cordonnerie Risole, ce bonus réparation reste un coup de pouce, "qui permet de mettre en lumière la profession, souligne Clément Fabries. On essaye de faire évoluer le concept de cordonnier, de le moderniser et d'encourager les gens moins habitués à venir nous voir." Comment ? En réparant les baskets, notamment, et les chaussures achetées à bas prix.
Mais pour lutter contre la surconsommation, le bonus réparation "n'est pas encore suffisant si on veut vraiment changer les choses, assure Clément Fabries. Ce qui manque encore, pour le grand public, c'est l'évaluation de la durabilité." Investir des dans chaussures avec des matériaux plus coûteux à l'environnement évite un gaspillage sur le long terme. "La production d'une paire de baskets fine en toile polluera moins que celle de rangers, par exemple, mais au bout de quelques mois, les baskets en toile seront usées et donc jetées", explique le gérant de la cordonnerie. Pour limiter notre impact environnemental, mieux vaut que nos objets nous servent et durent longtemps.