Dans son petit atelier niché à Montredon-Labessonnié (Tarn), une artisane répare à la main des poupées et des oursons. Un parcours débuté complètement par hasard, mais qui comble d'émotion ses clients à chaque fois.
Récupérer, rafistoler, poncer, souder, voire recoller. Autant de tâches pas forcément amusantes sur le papier, mais qui constituent une histoire atypique pour Sandra Lanvin. Dans sa clinique de poupées (oui, une clinique), elle répare ces objets de l'enfance, à la main, du côté de Montredon-Labessonnié (Tarn).
Un travail de l'ombre, minutieux, au cas par cas. "À chaque fois que l'on me confie quelque chose, c'est toujours la prunelle des yeux des clients. Il y a toute leur enfance dedans" répond-elle lorsqu'on lui demande s'il y a de l'affect dans ces échanges. Des gens peuvent même faire des centaines de kilomètres pour lui déposer une poupée.
"C'est ça que j'aime"
Comme ce monsieur, pour qui le nounours était bien plus qu'un morceau de textile. "Il est venu en me disant " sauvez mon ourson, je l'ai depuis petit". Il avait fait les bombardements avec, il descendait à la cave avec, il le prenait contre lui. Quand il fallait le sauver, puis lui rendre : on pleurait, c'était formidable" raconte Sandra Lanvin, remplie de nostalgie. "C'est ça que j'aime."
Aujourd'hui, sa clientèle est variée. "Ce sont souvent des gens qui vident leurs maisons ou qui retrouvent des choses dans des affaires de famille" remarque-t-elle, affairée à réparer un objet. "Comme une poupée de leur maman, un ours de leur papa. Cela peut aussi être des personnes d'un certain âge qui veulent transmettre un vieil ourson aussi."
Dans son atelier, elle travaille tous types de matériaux comme le celluloïd, matière très utilisée à l'époque car résistant à l'eau. "Là, c'est un baigneur" montre-t-elle. "Ce sont les premiers poupons que l'on pouvait laver et baigner."
Je n'étais pas spécialement fan (des poupées) étant petite"
Elle raccommode également des poupées en porcelaine, des objets "de 1880 encore en super état, bien colorés : certains vieillissent bien, d'autres cassent entre les mains comme une gaufrette" constate-t-elle.
Après des études aux Beaux-Arts, Sandra Lanvin ne s'imaginait pas devenir artisane dans la restauration de ces poupons. "C'est le hasard" sourit-elle. "Je n'étais pas spécialement fan étant petite." C'est une rencontre avec une femme qui restaurait et vendait des poupées qui a changé la donne.
En recherche de travail, elle se met à restaurer. "Je me suis dit : pourquoi pas, ça m'intéresse. J'ai testé et j'ai aimé". Elle n'a plus arrêté depuis. "Ce qui me plaît, c'est de partir de quelque chose, de redonner vie à un objet." Et de rendre heureux ces nostalgiques de l'enfance.