Vingt ans de réclusion criminelle assortis d'une peine de sûreté des deux-tiers, soit la peine maximale encourue, ont été requis ce vendredi devant la cour d'assises de Paris à l'encontre de deux jeunes toulousains partis combattre en Syrie.
"Je vous demande une sanction extrêmement lourde pour des faits extrêmement graves", a lancé l'avocat général Julien Eyraud, priant la cour de ne pas faire "de paris" sur les deux accusés, décrits comme des jeunes "en guerre" qui prendraient "toute main tendue comme une marque de faiblesse"."Je veux que notre démocratie se donne les moyens de se défendre et la justice fait partie de ces protections", a expliqué le représentant du ministère public, soulignant les "dénégations" et l'absence de regrets" des accusés. Mounir Diawara, 23 ans, et Rodrigue Quenum, 22 ans, tous deux venus de quartiers populaires de Toulouse, sont poursuivis pour s'être rendus du 28 mai au 12 août 2013 en Syrie, où ils ont rejoint les rangs de groupes jihadistes, d'abord le Jabhat al-Nosra puis le groupe de l'État islamique.
Jugés pour des exactions en Syrie
La justice leur reproche d'avoir participé à des actions militaires et à des exactions commises par ces groupes. Les deux hommes sont notamment apparus sur des photos prises en Syrie en tenue de combat, kalachnikov en main et, pour l'un d'eux, brandissant une tête décapitée.
"Quand on voit sur les photos leur bonheur, leurs sourires. Pour eux, ce sont des trophées. Ils peuvent dire: +j'y suis allé, j'étais la-bas, j'ai participé
à cela+", a lancé l'avocat général qui n'a constaté chez eux "aucune trace de désespoir ou de dégoût". Les deux jeunes hommes sont également accusés d'avoir, à leur retour en France, fait du prosélytisme auprès d'individus fréquentant un appartement toulousain pour les convaincre de partir combattre en Syrie.
Ils étaient en contact avec les membres d'une filière toulousaine de départ en Syrie gravitant autour de cet appartement du quartier du Mirail loué
par un Franco-Tunisien, Youssef Touati. Six membres de cette filière, qui eux ne sont jamais partis, ont été condamnés en février en correctionnelle à des peines allant de 15 mois à 6 ans de prison ferme.
"Entre le fantasme et y aller, il y a une marge" même "s'ils ont tous un projet commun de folie absolue", a expliqué l'avocat général en justifiant la qualification d'association de malfaiteurs terroristes criminelle retenue contre les deux accusés.
Le verdict est attendu en fin de journée.